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Police-Justice

Poursuivie pour diffamation, la créatrice de #Balancetonporc, Sandra Muller, obtient gain de cause en appel

Sandra Muller, journaliste à l'origine du #Balancetonporc, le 14 mars 2018

Sandra Muller, journaliste à l'origine du #Balancetonporc, le 14 mars 2018 - Bertrand Guay - AFP

Condamnée en première instance, la journaliste qui avait dénoncé les paroles de l'ex-patron d'Equidia à son égard a finalement été relaxée par la cour d'appel de Paris ce mercredi.

Elle est à l'origine de la vague numérique de dénonciations de harcèlement sexuel en France. Sandra Muller a lancé, en 2017, le hashtag "balance ton porc". Cette initiative, qui a contribué à libéré la parole des femmes, lui vaut ce mercredi un nouveau passage devant les tribunaux, pour une décision cette fois-ci en sa faveur. Après avoir été condamnée en première instance, Sandra Muller a finalement été relaxée ce mercredi par la cour d'appel de Paris.

Dans son arrêt, que BFMTV.com a pu consulter, la cour d'appel a reconnu que les propos tenus sur Twitter par Sandra Muller s'inscrivaient "dans le cadre d'un débat d'intérêt général, dès lors qu'ils visent à dénoncer les comportements à connotation sexuelle et non consentis de certains hommes vis-à-vis des femmes".

Et d'ajouter: "Il ressort du dossier que les mouvements #BalanceTonPorc et #MeToo ont été très suivis, salués par diverses autorités et ont contribué à la libération de la parole des femmes de façon positive."

"Décision novatrice"

"C'est une décision historique", se félicite Me Jade Dousselin, avocate de Sandra Muller. "La cour a reconnu qu'il s'agissait d'un débat d'intérêt général fondamental sur libération de la parole des femmes. C'est une décision novatrice qui dit aux victimes: 'Quand vous dites la vérité, on ne vous condamnera pas'."

La journaliste indépendante était poursuivie pour "diffamation" par Eric Brion, l'ex-directeur de la chaîne de télévision Equidia qui se définit comme le "premier accusé de #Balancetonporc" dans le livre qu'il a publié en 2020 sur cette affaire. A l'origine de cette joute judiciaire, un tweet de la journaliste dans lequel il est expressément visé.

"'Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit' Eric Brion ex-patron de Equidia #balancetonporc", écrivait Sandra Muller le 13 octobre 2017.

Dans la foulée de ce message, une multitude de témoignages similaires avaient abondé sur Twitter, reprenant le hashtag "BalanceTonPorc", équivalent français du mouvement #MeeToo.

"Débat d'intérêt général"

Si Eric Brion a bien reconnu avoir tenu de tels propos, il a toujours nié les faits de harcèlement. Ainsi, en première instance, le tribunal judiciaire de Paris avait condamné Sandra Muller à lui verser 15.000 euros au titre de son préjudice moral, ainsi que 5000 euros de frais de justice. Elle avait immédiatement interjeté appel.

"Même si Eric Brion a pu souffrir d'être le premier homme dénoncé sous le #BalanceTonPorc, le bénéfice de la bonne foi doit être reconnu à Sandra Muller (...) dès lors que son tweet a été publié dans le cadre d'un débat d'intérêt général", poursuit la cour d'appel de Paris.

Une nouvelle étape fructueuse pour la journaliste et son avocate qui se réjouissent du revirement opéré ce mercredi. "Dans le cas contraire, une nouvelle condamnation aurait imposé symboliquement le silence aux autres victimes", conclut Me Dousselin.

Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV