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Police-Justice

Pour protester contre la perte de leur emploi, ils brûlent du papier pour billets de banque

Un salarié de l'entreprise Arjowiggins alimente un feu devant l'établissement

Un salarié de l'entreprise Arjowiggins alimente un feu devant l'établissement - Sarah BRETHES / AFP

Les salariés de la papeterie revendiquent une indemnité de 50.000 euros par employé.

Les salariés d'une papeterie à l'arrêt depuis mi-janvier, située en Seine-et-Marne, ont brûlé mercredi du papier pour billets de banque mexicains, indonésiens et israéliens. Ils espèrent ainsi provoquer une réaction de l'Etat face à leur perte d'emploi. 

Ils occupent le site de Jouy-sur-Morin depuis la liquidation judiciaire le 16 janvier de l'entreprise d'Arjowiggins Security, ancienne filiale du groupe papetier Sequana vendue l'an dernier à un fonds d'investissement suisse, Blue Motion Technologies Holding. S'ils n'espèrent plus la reprise de l'activité, ils souhaitent une prime de licenciement "extralégale" de 50.000 euros pour chacun des 240 salariés.

Des feuilles pour passeports, cartes grises, billets 

Ils avaient déjà brûlé une partie de leur stock de papier pour cartes grises, passeports et chèques de banque. Cette fois-ci, plus de cent personnes se sont réunis autour d'un cercle de feu, où ont été jetées des bobines et des feuilles de papier pour passeports, cartes grises, chèques et billets de banque.

Selon le délégué CGT Patrice Schaafs, l'Etat "fait mine de s'en désintéresser totalement". Les salariés ont donc franchi une nouvelle étape mercredi en jetant au feu du papier pour billets de banque destiné à leurs clients en Israël, en Indonésie et au Mexique. Ils comptent également des clients en Belgique, en Chine, en Allemagne, en Inde et au Royaume-Uni. Le délégué syndical espère maintenant que les ambassades des pays clients de l'usine vont "s'adresser à l'Etat pour lui demander des comptes".

"On veut partir dignement"

Nombre de salariés observaient le brasier, l'air abattu. "C'est triste. Je pense que c'est nos dernières cartouches", a commenté Marie-Line, 60 ans, dont 12 dans cette usine. Plusieurs membres de sa famille y travaillent aussi: "Il n'y avait que ça dans la région." "C'est foutu pour nos emplois, maintenant on veut partir dignement. Comme tout le monde, on a des crédits, un frigo à remplir", a souligné Rémy, 36 ans, se disant prêt à se battre "jusqu'au bout".

Devant "le fruit de notre travail qui part en fumée", "on a tous les larmes aux yeux", a lancé Patrice Schaafs. Le syndicaliste a annoncé la mise en place d'une cellule d'aide psychologique. "Parmi vous, il y en a qui vont très, très mal. C'est pas une honte", a-t-il insisté.

Cyrielle Cabot avec AFP