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Police-Justice

Policiers accusés de violences et de viol à Aulnay-sous-Bois: ce que l'on sait

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Quatre policiers ont été filmés lors d'une interpellation musclée. Le jeune homme, qui a écopé de 60 jours d'ITT, accuse les fonctionnaires de "viol en réunion". Dimanche soir trois des quatre policiers étaient mis en examen pour "violences volontaires" et un quatrième pour "viol".

C'est une affaire qui secoue tout un quartier. Et même plus largement. Jeudi en fin d'après-midi, un jeune homme a été hospitalisé et opéré après un contrôle de police qualifié de "musclé" par les forces de l'ordre. Placés en garde à vue, les quatre agents des forces de l'ordre sont d'abord accusés de "viol en réunion". Mais quand une information judiciaire est ouverte, c'est pour les faits de "violence aggravée en réunion".

Dimanche soir, un communiqué du parquet de Bobigny a acté la mise en examen des quatre policiers. La requalification du chef d'accusation n'est en réalité que partielle puisque l'un des fonctionnaires est effectivement mis en examen pour "viol" et les trois autres pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique". Le maire LR de la commune, Bruno Beschizza s'était indigné d'une volonté de "détournement de la vérité".

Que s'est-il passé?

Jeudi soir, vers 17 heures, quatre fonctionnaires de la Brigade spécialisée de terrain (BST) entrent dans la cité la Rose-des-vents, aussi appelée la cité des 3.000, à Aulnay-sous-Bois. A leur arrivée, les policiers affirment avoir entendu des cris de guetteurs qui alertent les dealers de leur présence.

Les agents décident alors de procéder à des contrôles d'identité de toutes les personnes présentes. Là, un jeune homme de 22 ans fait l'objet "d'une interpellation musclée", selon les termes d'une source policière citée par Le Parisien

La scène est filmée par les caméras de vidéosurveillance de la police municipale mais aussi par plusieurs témoins.

Des blessures, et des soupçons de viol

  • Depuis, le jeune homme a été hospitalisé, opéré et a reçu 60 jours d'ITT. Les médecins qui l'on examiné parlent d'une section du sphincter anal et une lésion du canal anal de dix centimètres de profondeur. De plus, des ecchymoses au visage et au niveau du crâne ont été constatés. 

Le jeune homme raconte alors que, lors de son interpellation, l'un des quatre policiers lui aurait introduit une matraque télescopique dans l'anus en tentant de le maîtriser. L'examen médical pratiqué à l'hôpital d'Aulnay a effectivement mis en évidence "des lésions importantes", "ce qui correspond clairement à l'introduction d'un objet."

Les quatre policiers du commissariat local sont alors placés en garde à vue dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Ils sont à ce moment-là soupçonnés de "viol en réunion".

Quant au jeune homme, il est toujours hospitalisé ce dimanche soir.

Pourquoi a-t-on cru les faits requalifiés?

"Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol", explique l'article 222-23 du Code pénal.

Pour autant, cette qualification ne semblait pas avoir été retenue, dimanche. Le parquet lui avait préféré le terme de "violence en réunion". A son sens, l'acte de pénétration n'aurait pas été intentionnel. Sur la vidéo, un policier est vu "porter un coup de matraque horizontal au niveau des fesses" du jeune homme après que son "pantalon a glissé tout seul", explique une source policière.

Les réactions

Le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux a proposé de recevoir la famille de la victime dimanche, place Beauvau, mais cette dernière a décliné. Dans un communiqué publié samedi, il a souhaité "que toute la lumière soit faite sur les accusations d'une extrême gravité portées à l'encontre de ces fonctionnaires".

De son côté, pour le maire LR d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, la requalification du chef d'accusation à l'encontre de quatre policiers, de "viol en réunion" à "violences volontaires en réunion" est incompréhensible. 

"Le métier de policier est un métier noble. La police est là pour protéger et non humilier nos concitoyens. Je ne comprends donc pas cette requalification. Nous, les Aulnaysiens, ne pouvons pas comprendre cette requalification", écrit-il dans une tribune postée sur Facebook.

Début janvier, six mois de prison avec sursis avaient été requis dans une autre affaire contre un policier municipal de Drancy, en Seine-Saint-Denis, accusé d'avoir violenté avec sa matraque un homme de 27 ans lors d'une interpellation mouvementée en 2015. Le certificat médical établi cette nuit-là avait attesté d'une "pénétration". Le tribunal doit rendre sa décision le 20 février.

E. H.