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Police-Justice

"On a entendu au moins 10 coups de feu": un passager du véhicule visé par la police à Paris témoigne

Après les tirs mortels de la police lors d'un refus d'obtempérer dans le XVIIIe arrondissement de Paris samedi, lors desquels une passagère a été tuée et le conducteur gravement blessé, un autre passager de la voiture a témoigné auprès de nos confrères de RTL.

Samedi, les rues du XVIIIe arrondissement de Paris ont été le théâtre d'un refus d'obtempérer aux conséquences tragiques. Les policiers ont ouvert le feu, blessant le chauffeur et l'une des trois personnes qui se trouvaient à ses côtés dans la voiture. Cette dernière, une jeune femme passagère du véhicule, a succombé à ses blessures dimanche. Les trois policiers ont été placés en garde à vue au cours de cette même journée et deux enquêtes ont été ouvertes par le parquet de Paris.

Que s'est-il passé? Ibrahima, un des passagers sorti indemne de cette fusillade, a témoigné chez nos confrères de RTL. Il reconnaît le refus d'obtempérer:

"On attendait à un feu rouge, quand un policier est venu à nous à vélo, et a tapé sur la vitre côté conducteur pour demander de se mettre sur le côté afin de procéder à un contrôle. Mon ami a bougé la tête comme pour dire ‘oui je vais me mettre sur le côté’, puis il a avancé sans s’arrêter. Il a dit ‘je ne m’arrête pas, j’ai pas le permis’".

"Au moins 10 coups de feu"

Mais la bande de copains se retrouve bloquée dans un embouteillage quelques mètres plus loin. Ainsi, les policiers reviennent à leur niveau, mais cette fois-ci le ton a changé.

"A ce moment-là, ils nous ont directement braqués tout en criant ‘sortez, coupez le contact’. Mon ami ne les regardait pas. On les voyait trembler quand ils tenaient leurs pistolets. Puis on a tous crié. On était tous sous la panique. J’ai crié ‘baissez-vous ‘. De là on a entendu plus que les coups de feu, au moins 10 coups, et les vitres qui pètent", se souvient Ibrahima.

Après les tirs, le conducteur redémarre, comme l'explique le témoin interrogé par RTL, avant que ses amis ne le convainquent de s'arrêter.

"En sortant de la voiture, on a vu que la fille qui était devant était en sang, inconsciente", détaille le jeune homme.

La scène aurait été filmée

La voiture était-elle en mouvement? Les jeunes ont-ils démarré en trombe en direction des forces de l'ordre comme il a été indiqué? C'est ce que va devoir déterminer l'enquête. En effet, cette question est importante, sans quoi la légitime défense ne pourra pas être invoquée par les policiers. A l’inverse, si la voiture ne bougeait pas, cette position sera compliquée à défendre.

Pour rappel, les policiers ne peuvent pas faire usage de leur arme n’importe comment. L’article 435-1 du code de la sécurité intérieure encadre l'utilisation des armes à feu sous plusieurs conditions, notamment "lorsque des atteintes à la vie ou à l'intégrité physique sont portées contre eux ou contre autrui ou lorsque des personnes armées menacent leur vie ou leur intégrité physique ou celles d'autrui".

L’avocat des trois policiers, maître Laurent-Franck Liénard, a évoqué lundi soir sur BFMTV l’existence d’une vidéo qui pourrait bien permettre à l’enquête d’avancer dans un sens comme dans un autre. Il a par ailleurs expliqué que les policiers "ont ressenti la dangerosité de la manœuvre de la voiture et l'urgence de réagir".

Une version soutenue par Loïc Travers secrétaire administratif général du syndicat de police nationale Alliance, pour qui "les collègues ont réagi parce qu'ils ont estimé qu'il y avait un danger".

Mathieu Ait Lachkar