Nouvelle-Calédonie: un deuxième homme tué par balle au cours d'une opération des forces de l'ordre

Des gendarmes font face à des manifestants indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, le 24 juin 2024 (Photo d'archive) - Delphine Mayeur / AFP
Un deuxième homme est mort par balle dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 septembre au cours d'une opération menée par les forces de l'ordre à Saint-Louis, bastion indépendantiste situé au sud de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.
Ce deuxième décès par balles a été confirmé quelques heures après l'annonce d'un premier mort. Il porte à treize le nombre de décès depuis le début des troubles dans l'archipel au mois de mai.
Ces habitants de la tribu kanak de Saint-Louis, âgés de 29 et 30 ans, ont été mortellement blessés par les tirs d'un membre du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), a indiqué dans un communiqué le procureur de la République de Nouméa Yves Dupas, qui a ouvert deux enquêtes.
Le FLNKS déplore un "jeudi noir pour le peuple kanak"
Selon le magistrat, ces coups de feu ont été tirés alors "que des gendarmes en mission d'observation auraient été directement menacés par (un) groupe d'individus armés". Les deux hommes tués faisaient l'objet d'un mandat de recherches délivré en juillet contre 13 personnes localisées à la tribu de Saint-Louis, a précisé le procureur.
Elles sont soupçonnées d'être les auteurs de tirs sur les forces de l'ordre, notamment sous l'autorité de Rock Victorin Wamytan, surnommé "Banane", tué le 10 juillet lors d'un échange de tirs avec les gendarmes. Elles sont également suspectées d'une cinquantaine de car-jacking à main armée sur la route passant devant la tribu.
Dans un communiqué, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), l'alliance indépendantiste de l'archipel, a déploré un "jeudi noir pour le peuple kanak", accusant l'État français d'une "guerre contre la tribu de Saint-Louis" et d'un "génocide" contre la minorité autochtone calédonienne.
Deux feux de poubelle ou de pneus ont été allumés sur certains axes près de Saint-Louis ou dans la périphérie de Nouméa, selon les correspondants de l'AFP.
Saint-Louis, un passage obligé
Si la tension est nettement redescendue depuis mi-juillet, le sud de la Grande Terre -l'île principale de l'archipel - est toujours inaccessible par la route. Les forces de l'ordre ont totalement fermé six kilomètres de route en raison de l'insécurité qui règne au niveau de la tribu de Saint-Louis, passage obligé à une dizaine de kilomètres de Nouméa. En quatre mois, la gendarmerie estime avoir essuyé plus de 300 coups de feu.
En raison de la fermeture de la route, les 1.200 personnes habitant à la tribu ne peuvent y accéder qu'à pied et après avoir présenté une pièce d'identité aux gendarmes pour pouvoir passer les "verrous", au nord et au sud. Seuls les services de secours et les ambulances peuvent traverser Saint-Louis.
Ailleurs en Nouvelle-Calédonie, la quasi-totalité des barrages mis en place depuis le 13 mai ont été levés et la circulation a été rétablie partout.
Le 24 septembre, jour férié et date sensible
Le couvre-feu instauré depuis les émeutes reste toutefois en vigueur de 2 heures à 5 heures, et va même être aménagé et renforcé à partir du 21 septembre et jusqu'au 24 septembre, date symbolique et sensible sur ce territoire du Pacifique. Il sera alors en vigueur de 18 heures à 6 heures.
Jour férié sur le "Caillou", le 24 septembre, qui marque la prise de possession de l'archipel par la France en 1853, reste une date sensible en Nouvelle-Calédonie, même si elle a été rebaptisée depuis 2004 "Fête de la Citoyenneté".
Les restrictions sur les ventes et la consommation d'alcool, le port d'arme à feu ainsi que la vente d'essence ont été prolongées sur l'ensemble du territoire jusqu'au 24 septembre également.