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Police-Justice

Naufrage du Concordia : vers un procès pénal ?

Francesco Schettino à Meta di Sorrento, le 14 octobre

Francesco Schettino à Meta di Sorrento, le 14 octobre - -

Lundi, une série d'audiences techniques devra établir les responsabilités dans le naufrage du Costa Concordia, qui avait fait 32 morts en janvier dernier. Objectif : déterminer l’éventuelle ouverture d’un procès pénal.

Y aura-t-il un procès pénal pour le naufrage du Concordia ? C’est ce que doit décider le tribunal de Grosseto, en Toscane, qui se penche à partir de lundi sur le naufrage du paquebot. Des audiences techniques à huis-clos doivent permettre de décider l'ouverture éventuelle d'un procès pénal sur la tragédie qui avait fait 32 morts en janvier 2012.

Des centaines d'experts, avocats, rescapés et familles des victimes vont participer à ces audiences, qui dureront plusieurs jours. Le commandant du paquebot, Francesco Schettino, est attendu à Grosseto pour la première fois depuis son assignation à résidence dans sa ville de Meta, au sud de Naples.

"Homme le plus détesté d'Italie"

Présenté comme "l'homme le plus détesté d'Italie" par un journal italien, baptisé "Capitaine Couard" par les tabloïds britanniques, il est mis en cause, ainsi que six autres membres de l'équipage, et trois dirigeants de la compagnie Costa Crociere, propriétaire du paquebot, pour homicides par imprudence et naufrage. Il est également soupçonné d'avoir abandonné son navire avant la fin de l'évacuation.

>> Lire aussi : Le capitaine du Concordia, sommé de retourner à bord

Licencié en juillet par la compagnie, il a porté plainte contre Costa Crociere et demande sa réintégration et le paiement de ses arriérés de salaires.

Le reste de l'équipe du Concordia a, elle, été sacrée "marin de l'année", en septembre dernier par Lloyd's, pour saluer son "courage" et son "professionnalisme". "Sans la réaction compétente de la majorité de l'équipage, il y aurait eu encore plus de morts", estime Lloyds.

Boîtes noires

Toute la semaine, magistrats, avocats et experts vont examiner les analyses techniques, un millier de pages et sept DVD, des boîtes noires du paquebot, déposées il y a un mois par un groupe de spécialistes nommés par le tribunal.

Les enquêteurs cherchent à savoir pourquoi le paquebot voguait si près de l'île à grande vitesse pour une parade tous feux allumés dite de "salut" ("inchino") et pourquoi la procédure d'évacuation n'a été entamée qu'une heure après la collision, alors que le navire penchait déjà dangereusement.

Le navire Costa Concordia pesant 114.500 tonnes s'était échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres de l'île du Giglio durant la nuit du 13 janvier avec à son bord 4.229 personnes, dont 3.200 touristes.


Épave retirée au printemps 2013

De nombreuses procédures judiciaires ont été entamées contre la compagnie dans plusieurs pays. Des collectifs de naufragés se sont créés et des plaintes ont ainsi été déposées en Italie, en France et aux Etats-Unis. Aux Etats-Unis, 39 passagers réclament à Carnival, la maison-mère de Costa Crociere, 520 millions de dollars de dommages et intérêts.

En attendant, sur l'île du Giglio, l'énorme épave du paquebot gît toujours tout près du port, couchée sur le flanc. Pour la grande joie des curieux qui pendant l'été ont fait l'aller-retour dans la journée pour se faire photographier devant le mastodonte. Mais au grand dam de la population qui a vu chuter les réservations d'hôtel, les touristes craignant notamment des répercussions sur la qualité du rivage.

Selon le projet d'enlèvement lancé le 15 mai, et en tenant compte des conditions météo, l'épave devrait être retirée au printemps 2013. Une opération complexe et sans précédent en raison de la taille du bateau: le groupe Costa Crociere devra d'abord le redresser avant de le remorquer dans un port où il sera ensuite démantelé.