Mosquée de Bayonne: les avocats des victimes réclament que les faits soient requalifiés en "acte terroriste"
Plus de quatre jours après l'attaque contre la mosquée de Bayonne qui a fait deux blessés, les avocats des deux victimes s'étonnent que les faits n'aient pas été requalifiés au vue du dossier, et que le parquet antiterroriste n'ait toujours pas été saisi. Pour l'entourage des victimes, il n'y a pas de doute, il s'agit d'un attentat.
"Ce qui s'est passé dans cette mosquée doit être qualifié de terrorisme", a affirmé l'un des avocats des victimes à notre micro. Nouhou Diallo assure que la famille de son client ne comprend pas "pourquoi ce dossier n'est pas considéré comme un dossier terroriste". Pour lui, "les textes sont très clairs: 'Celui qui sème la terreur pour des raisons idéologiques, politiques ou religieuses, est un terroriste'".
"On est donc dans la définition classique de l'attentat"
Il ajoute : "Nous sommes étonnés par le fait que la piste politique n'ait pas été explorée".
L'auteur des tirs, Claude Sinké, a été mis en examen mercredi "des chefs de tentatives d'assassinat, dégradation et destruction aggravées, violence avec arme sur personne dépositaire de l'autorité publique et violence avec arme". Le parquet national antiterroriste a fait savoir qu'il n'entendait pas se saisir de cette affaire. Selon le parquet de Bayonne, le tireur présumé souffre d'une "altération partielle de son discernement", mais sa responsabilité pénale reste engagée.
"On minimise sa gravité"
Son confrère Méhana Mouhou, lui-aussi avocat des victimes, soutient à son tour que "c'est dans le code pénal". "C'est l'article 121.1 du code pénal qui prévoit qu'un terroriste est celui qui porte gravement atteinte à la vie d'autrui par l'intimidation à la terreur". Or là, selon lui, "il y a une tentative d'assassinat, il y a un mobile idéologique puisqu'il y a une haine des musulmans. On est donc dans la définition classique de l'attentat terroriste, du crime terroriste", explique l'avocat sur notre antenne.
"Le code pénal a fait une hiérarchie des infractions, et pour les victimes c'est extrêmement important parce que si c'est un acte terroriste, ça doit être défini comme tel", poursuit Méhana Mouhou. "Et c'est un acte terroriste, donc on ne peut pas lui donner une qualification de droit commun. Ce n'est pas une attaque de banque, une attaque d'épicerie... en lui donnant une qualification autre, on minimise sa gravité".
Les jours des deux septuagénaires blessés ne sont plus en danger. L'un, âgé de 74 ans, a été touché lundi au cou, le second, âgé de 78 ans, a été atteint au thorax et au bras droit.