Mort de Vanille à Angers: les zones d'ombre que l'enquête va devoir éclaircir

Au lendemain de la découverte du corps sans vie de la petite Vanille, un an, pour laquelle une alerte enlèvement avait été déclenchée la veille, l'incompréhension demeure sur les motivations de la mère, placée en garde à pour "meurtre aggravé" après ses aveux. C'est aussi la première fois, depuis la création du plan "alerte enlèvement" en février 2006, que le dispositif ne permet pas de retrouver l'enfant à temps.
- 48 heures de recherches et des aveux
Vendredi à 11 heures, Nathalie Stéphan, 39 ans, quitte le foyer où elle réside pour rendre visite à sa fille, placée en famille d'accueil. Elle doit la ramener à 17h30 à son référent de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) mais ne le fait pas. Après avoir auditionné ses proches, les enquêteurs ont perquisitionné son appartement, où "elle avait laissé dans sa chambre des éléments qui laissaient craindre qu’elle allait passer à l’acte", a indiqué Eric Brouillard, le procureur de la République d'Angers. Finalement, l'alerte enlèvement est déclenchée à 23 heures samedi.
Dimanche matin, la mère de famille est retrouvée seule dans un hôtel de Nantes (Loire-Atlantique) et aussitôt placée en garde à vue. En fin d'après-midi, peu avant 18 heures, le procureur annonce que l'enfant a été retrouvée morte dans un conteneur de vêtements à Angers, déclarant:
"La maman nous a confirmé avoir donné la mort à son enfant vendredi avant même l'heure à laquelle elle devait la remettre au référent de l'ASE."
Ce dernier a ajouté qu'elle situait la mort "entre 13 et 15 heures".
- Les "troubles psychiatriques" de la mère
Nathalie Stéphan était hébergée depuis un an dans le centre maternel d'Angers, un foyer pour femmes enceintes et mères isolées. Sa fille avait été confiée à l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et placée dans une famille d'accueil par le juge des enfants, mais elle continuait de la voir régulièrement pendant un temps donné durant la semaine.
Eric Brouillard l'a décrite comme une femme "en grande difficulté, sans réseau amical". La trentenaire, qui avait déjà connu un épisode suicidaire il y a plusieurs mois, présente des troubles psychiatriques importants mais "à aucun moment la mère n'avait par le passé mis en danger l'un ou l'autre de ses enfants", a réitéré le procureur.
- Comprendre le mode opératoire et ses motivations
Sa garde à vue s'est achevée dimanche soir aux alentours de 20 heures et doit reprendre ce lundi matin pour "meurtre sur mineur par ascendant" afin de tenter de comprendre son geste. Nathalie Stéphan a d'abord fourni des explications "un peu fantaisistes", selon le procureur, indiquant dans un premier temps avoir confié son enfant à une amie, puis l'avoir tué "par étouffement ou strangulation". D'après une source proche de l'enquête à BFMTV, elle a conscience de son geste mais n'exprime pas les émotions qu'une personne dénuée de troubles psychiatriques devrait ressentir.
Ses motivations restent donc à établir par les enquêteurs, tout comme le mode opératoire. Dimanche soir, le médecin légiste a fait des premiers examens qui sembleraient confirmer ses affirmations en garde à vue, à savoir la mort par étranglement ou étouffement. Il faut toutefois attendre les conclusions définitives du légiste, à la suite de nouveaux examens qui doivent intervenir ce lundi après-midi.
À l'issue de sa garde à vue, la suspecte pourrait être mise en examen, puis hospitalisée ou placée en détention. Elle encourrait alors la réclusion criminelle à perpétuité.
- Des doutes sur le droit de garde et le déclenchement de l'alerte
Des premières interrogations émergent concernant le droit de garde de la mère, face à la fragilité de son profil psychologique.
"Est-on parti des besoins de l'enfant ou avons-nous essentiellement pris en compte les besoins de cette maman, de ses liens du sang, de maintenir à tout prix, quels que soient les risques qu'on prenait pour cet enfant, ces liens?", se questionne sur BFMTV Martine Brousse, présidente de l'association La Voix De l'Enfant.
Une remise en cause qui s'appuie également sur l'affirmation d'Eric Bouillard, selon laquelle Nathalie Stéphan avait déjà par le passé ramené un autre enfant hors des délais impartis. Concernant le délai de 24 heures écoulé entre la non remise de l'enfant et le déclenchement du plan, la substitut du procureur général de la République d'Angers Catherine Vandier a expliqué que "la maman ne présentait a priori pas de danger", ayant à ce moment-là récupéré l'enfant comme prévu pour son jour de garde.
"Le temps que les personnes qui devaient récupérer l'enfant se manifestent, recherchent elles-mêmes localement l'enfant", qu'on "étudie toutes les pistes de l'environnement de la maman, qu'on vérifie de manière physique tous les endroits où l'enfant serait susceptible d'être, tout ce temps s'écoule et puis ensuite on décide que c'est inquiétant véritablement", s'est justifiée Catherine Vandier.