Mort de Nahel à Nanterre: une information judiciaire ouverte pour "homicide volontaire", le policier présenté aux juges

Le parquet de Nanterre a indiqué ce jeudi matin que le policier accusé d'avoir tiré sur un mineur de 17 ans à Nanterre (Hauts-de-Seine) après un refus d'obtempérer mardi matin a été déféré et est actuellement présenté à deux juges d'instruction lors d'un interrogatoire de première comparution en vue d'une mise en examen pour "homicide volontaire".
Les "conditions légales de l'usage de l'arme n'étaient pas réunies", a déclaré le procureur de la République de Nanterre.
Une information judiciaire a été ouverte et le parquet de Nanterre a requis le placement en détention provisoire du fonctionnaire, "au regard des faits et de la nécessité de préserver les investigations".
Quelques heures après les faits, une enquête avait en effet été ouverte pour refus d'obtempérer et tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique. Une autre enquête, ouverte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l'autorité publique, avait été confiée à l'IGPN, la police des polices.
Le fonctionnaire de police avait été placé en garde à vue mardi pour homicide involontaire. La procédure avait été prolongée mercredi matin "pour permettre la suite des investigations réalisées par l'IGPN (Inspection générale de la police nationale)".
Une vidéo "choquante"
Le policier a justifié son geste par de la légitime défense. C'était en tout cas la première version de source policière: le conducteur avait tenté de foncer sur les forces de l'ordre lors d'un refus d'obtempérer. Il a indiqué aux enquêteurs qu'il avait eu "peur que quelqu'un d'autre ne soit renversé", il a eu "une crainte d'être percuté" et peur que son collègue "soit blessé", a précisé le procureur.
Cette version semble toutefois contredite par une vidéo diffusée par les réseaux sociaux qui montre le policier, qui a fait usage de son arme, placé sur le côté du véhicule au moment du tir - et non pas face à lui.
"Les images choquantes" diffusées sur les réseaux sociaux "montrent une intervention qui n'est manifestement pas conforme aux règles d'engagement de nos forces de l'ordre", a estimé mercredi la Première ministre, Élisabeth Borne, lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat.
Dans la matinée, Emmanuel Macron avait évoqué un acte "inexplicable" et "inexcusable". À la demande du président de la République, Olivier Klein s'est entretenu avec la mère de l'adolescent pour lui présenter les "condoléances du gouvernement" et l'assurer du "soutien de la Nation", selon le cabinet du ministre délégué à la Ville.