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Police-Justice

Mort d’un ouvrier en 2004: l'usine Renault de Flins poursuivie pour homicide involontaire

Entrée de l'usine Renault à Flins, dans les Yvelines, en 2008.

Entrée de l'usine Renault à Flins, dans les Yvelines, en 2008. - Franck Fife - AFP

En 2004, un salarié était mort écrasé par une machine sur le site. L'usine Renault de Flins, dans les Yvelines, est poursuivie pour homicide involontaire.

Renault va devoir s'expliquer devant la justice sur la mort d'un salarié. Après le décès, en 2004, d’un salarié écrasé par une machine, l’usine Renault de Flins, dans les Yvelines, est poursuivie pour homicide involontaire, indique RTL ce lundi. Deux cadres du constructeur automobile sont renvoyés en correctionnelle, précise LCI, qui a interrogé l'avocat de la famille de la victime:

"Aujourd’hui, les juridictions pénales décident de renvoyer la société Renault et l’ancien directeur du site devant le tribunal correctionnel, donc il y aura un procès pénal", explique Me François Lafforgue. "Nous espérons qu’il ait lieu le plus rapidement possible pour que la famille puisse avoir des réponses surtout à des questions qu’elle se pose depuis toutes ces années."

"Ecrasé entre deux outils de plusieurs tonnes"

La direction va donc devoir s’expliquer sur les circonstances de ce drame, survenu sur le site il y a douze ans. Ce matin-là, le 29 mars, le corps de Jean-Philippe Gabriel, 30 ans, avait été retrouvé sans vie dans un recoin de l’atelier d’emboutissage. Cet ouvrier, qui travaillait chez Renault Flins depuis sept ans, venait d'être écrasé entre un chariot qui s'était renversé et un outil de plusieurs tonnes stocké au sol.

"Le jour de l’accident, il devait s’occuper de quatre postes en même temps donc il fallait qu’il coure. Dans un environnement extrêmement dangereux, ça lui a coûté la vie. Il a été écrasé entre deux outils de plusieurs tonnes, il est mort sur le coup", se souvient au micro de la radio un responsable CGT qui travaillait avec lui.

"La direction a essayé de dire qu’il avait utilisé son téléphone portable, or, l’enquête de police a démontré le contraire", ajoute cet ancien collègue. "Ils ont tout fait pour que ça dure. Quand ils veulent, ils sont capables de régler n’importe quel problème en quelques heures. Là, ça fait 12 ans, vous vous rendez compte?"

"Pourquoi c’est arrivé dans ces circonstances là? Pourquoi l’organisation du travail fait que ce jour-là il était seul sur cette ligne alors qu’ils devaient être plus nombreux bien évidemment? Pourquoi la société Renault avait stocké ces énormes presses à proximité de ce salarié alors que ça aurait dû être stocké ailleurs?", interroge de son côté Me Lafforgue. "On comprend qu’il y a des raisons économiques et de productivité à l’origine de ce drame mais aujourd’hui il faut des explications."

En attendant le procès, Renault Flins n’a pas souhaité commenter, indique la radio.

La firme déjà condamnée pour "faute inexcusable"

En février 2010, alors qu’était ouverte l'information judiciaire pour homicide involontaire, la cour d'appel de Versailles avait confirmé la condamnation de Renault pour "faute inexcusable" après la mort de Jean-Philippe Gabriel et confirmé la somme de de 25.000 euros prévue par le tribunal de Pontoise en réparation du préjudice moral à chacun de ses parents.

Dans leur arrêt, les juges avaient considéré que "la société Renault aurait dû avoir conscience du danger résultant à la fois de la présence de piles d'outils à proximité des lignes de presse qui encombraient physiquement les axes de circulation et réduisaient le champ visuel des opérateurs et à la polyvalence de l'activité de pontier et de conducteur de ligne dans une équipe réduite à cinq personnes dont un intérimaire."

V.R.