Meurtre de Jonathan Coulom en 2004: un appel à témoins lancé par la gendarmerie

Photo du petit Jonathan déposée sur une voiture de la gendarmerie en avril 2004 à Saint-Brévin-les-Pins, lors des opérations de recherches - FRANK PERRY © 2019 AFP
Depuis un mois et demi, Martin Ney est entre les mains de la justice. Cet Allemand de 49 ans a été mis en examen par un juge d'instruction nantais dans le cadre de l'enquête sur l'enlèvement et le meurtre de Jonathan Coulom en 2004. Le petit garçon de 10 ans, alors en séjour dans un centre de vacances à Saint-Brevin-les-Pins en Loire-Atlantique, avait été retrouvé mort dans le petit étang d'un manoir à Guérande. Son corps, pieds et poings liés, avait été lesté d'un parpaing.
Si la justice a un suspect, elle est toujours à la recherche de nouveaux éléments pouvant étayer son dossier. Ce mardi, les gendarmes en charge des investigations, la section de recherches de Rennes, lancent un appel à témoins* pour tenter de retracer le parcours de Martin Ney. Accompagné de photos du suspect, les enquêteurs appellent toute personne qui aurait "vu" "entre 1990 et 2011" Martin Ney dans la région ou qui lui aurait "loué ou prêté un hébergement".
"L'objet de cet appel à témoins est de recueillir de nouveaux éléments, explique-t-on à la gendarmerie. Il participe des actes utiles à la manifestation de la vérité." Les enquêteurs "seront en mesure de vérifier vos informations si celles-ci vous paraissent incertaines", précise l'appel à témoins.

"Donner des éclairages"
Martin Ney est sous le coup d'un mandat d'arrêt européen depuis octobre 2019 délivré par le juge d'instruction nantais. Un acte pris à la suite des confessions d'un co-détenu du pédocriminel, qui purge depuis 2012 en Allemagne une peine de prison à perpétuité pour avoir tué trois jeunes garçons et avoir abusé sexuellement de plus de 40 enfants. Ce camarade de cellule assure que celui que la presse allemande a surnommé "Schwartzmann" ou "Der Maskenmann" ("l'homme en noir" ou "l'homme masqué", NDLR) lui a fait des confidences sur son implication dans le meurtre de Jonathan Coulom. Ce que nie le principal intéressé devant les enquêteurs.
"Cet appel à témoins pourrait venir dire où il était au moment du meurtre de Jonathan Coulom, où il logeait, cela pourrait donner des éclairages, des éléments", estime une source proche du dossier.
Martin Ney a été extradé en France à la fin du mois de janvier dernier pour être mis en examen pour "meurtre d'un mineur de moins de 15 ans" et "arrestation, enlèvement et séquestration, ou détournement arbitraire de mineurs de moins de 15 ans". Depuis cette date, le juge d'instruction français en charge du dossier sur la mort de Jonathan Coulom a huit mois pour mener ses actes d'enquête en présence du principal suspect, avant que ce dernier ne soit renvoyé dans son pays, et pour l'interroger.
Un mode opératoire similaire
Si Me Caty Richard, l'avocate de la grand-mère de Jonathan Coulom, se félicite de cet appel à témoins lancé et salue cette "très bonne initiative", elle invite à la prudence. "Toutes les informations recueillies seront intéressantes mais ce sont des faits anciens, rappelle l'avocate. Martin Ney a tout fait pour se rendre discret, il venait chasser, il a tout fait pour ne pas marquer les esprits."
Reste que la justice française peut s'appuyer sur d'autres éléments pour fonder sa certitude concernant la culpabilité de Martin Ney. L'enlèvement et le meurtre de Jonathan Coulom comporte de nombreuses similitudes avec les meurtres attribués dans son pays à cet ancien éducateur pour enfants, à savoir l'âge des victimes, le mode opératoire et la signature. Déjà au moment de la mort de Jonathan Coulom, les enquêteurs allemands avaient été frappés par les ressemblances entre la mort du petit Français et les trois crimes attribués à Martin Ney.
Comme Jonathan Coulom, Dennis Klein, Dennis Rostel et Stephen Jahr ont été enlevés dans leur lit du pensionnat ou du centre de vacances. Leurs corps avaient été découverts quelques semaines plus tard non loin des lieux de leur enlèvement.
* En cas d'informations, vous pouvez contacter les gendarmes par mail cellule-disparition-44@gendarmerie.interieur.gouv.fr ou à l'adresse postale: Cellule Disparition 44- BP 33284 - 35032 Rennes Cedex