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Mégabassines: entre 6.000 et 8.000 personnes attendues pour les manifestations de ce week-end

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Les forces de l'ordre prévoient notamment la venue de 600 à 1.000 manifestants "radicaux et violents" lors de ces mobilisations contre les "mégabassines, dénoncées comme un "accaparement" de l'eau par l'agro-industrie.

Nouvelles mobilisations. En fin de semaine, des opposants aux "mégabassines" se rassemblent pour manifester, d'abord à Saint-Sauvant (Vienne), sur le site d'une future "bassine", le vendredi 19 juillet puis le lendemain à La Rochelle (Charente-Maritime), devant le terminal agro-industriel du port.

En outre, des milliers de personnes sont attendues jusqu'à dimanche au "Village de l'eau", rassemblement organisé à Melle dans le département des Deux-Sèvres. Selon les informations de BFMTV de source policière, il s'agit d'un "événement d'ampleur à haut risque" pour les forces de l'ordre et les autorités.

Toujours d'après cette même source, ce sont entre 6.000 et 8.000 personnes qui pourraient participer, dont 600 à 1.000 manifestants "radicaux et violents". Parmi ceux-ci, environ 200 militants étrangers sont attendus sur place.

Sainte-Soline "cible principale"

Cette mobilisation sur plusieurs jours est "pensée et préparée comme un Sainte-Soline III", où le chantier d'une retenue d'eau avait donné lieu à des affrontements en mars 2023 entre opposants et forces de l'ordre.

En effet, le village de Melle se situe à 15km seulement de Sainte-Soline et les autorités indiquent que la mégabassine de Sainte-Soline constitue toujours "la cible principale et symbolique des opposants".

Selon une source policière, la conjonction d'un contexte politique inédit et sensible des événements comme l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques en France pourrait renforcer la détermination des manifestants les plus radicaux.

Les autorités n'excluent de fait pas une contre-mobilisation des agriculteurs favorables à la construction de mégabassines et des affrontements entre les deux cas sont possibles.

Plus de 3.000 policiers et gendarmes

Ce lundi sur France info, Gérald Darmanin a dit craindre "des actes d'une très grande violence" à l'occasion de la nouvelle mobilisation des opposants aux "mégabassines" dans le Poitou. Le ministre démissionnaire de l'Intérieur a par ailleurs indiqué que plus de 3.000 policiers et gendarmes sont mobilisés sur la semaine.

Selon la gendarmerie présente sur place, des contrôles ont déjà été effectués et quelques saisies ont été effectuées comme des marteaux, des couteaux ou des masques à gaz.

Des objets saisis lors de contrôles des forces de l'ordre aux abords du "Village de l'eau", à Melle (Deux-Sèvres), alors que des manifestations contre les "mégabassines" sont prévues les 19 et 20 juillet 2024.
Des objets saisis lors de contrôles des forces de l'ordre aux abords du "Village de l'eau", à Melle (Deux-Sèvres), alors que des manifestations contre les "mégabassines" sont prévues les 19 et 20 juillet 2024. © Source gendarmerie

Outre les ateliers, formations et débats, deux manifestations sont au programme: vendredi, "une grande marche populaire et un convoi de vélos" se déroulera à Saint-Sauvant, où le chantier d'une future retenue d'eau doit démarrer en septembre.

Le lendemain, à la Rochelle, les organisateurs appellent "à prendre kayaks, paddle et autres bateaux gonflables" pour bloquer le port agro-industriel "dans une ambiance de carnaval".

Comme à Sainte-Soline, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) a annoncé qu'elle déploierait des observateurs.

Le partage de l'eau face au dérèglement climatique

Les violents affrontements de Sainte-Soline ont mis en lumière l'épineuse question du partage de l'eau, notamment dans le cadre de l'irrigation pour les besoins de l'agriculture dans le pas.

Les réserves dites de substitution, qui visent à stocker de l'eau puisée dans les nappes en hiver afin d'irriguer les cultures en été, sont pour leurs partisans une condition de survie face au changement climatique.

À l'inverse, leurs détracteurs décrivent un "accaparement" de l'eau par l'agro-industrie car ils prélèveraient une partie de l'eau destinée aux nappes phréatiques, aux milieux naturels ou à d'autres usages humains. En outre, ils déplorent une solution de court-terme qui freineraient les démarches d'adaptation et de transition du monde agricole.

Alors que la surface agricole utile a diminué de 3,4% entre 2010 et 2020, les surfaces irriguées ont elles augmenté de 14,6% sur la même période. Au total, l'irrigation agricole représente plus de la moitié de la consommation d'eau douce en France, tout usage confondu.

Pauline Revenaz avec Salomé Robles