Manuela, la "veuve noire de l'Isère", face à la justice

Le procès de la "veuve noire de l'Isère" débute ce lundi. - -
Pour certains, elle est "la veuve noire de l'Isère". Manuela Cano (née Gonzalez), 53 ans, comparaît à partir de lundi devant les assises de l'Isère pour l'assassinat de son mari en 2008. Le décès de ce dernier avait eu lieu dans des conditions qui rappellent étrangement l'intoxication de quatre autres de ses compagnons: deux d'entre eux avaient péri de mort violente.
Le 31 octobre 2008, un promeneur avait découvert, vers 8 heures du matin, le corps calciné de Daniel Cano, un chaudronnier de 58 ans, proche de la retraite. Son corps sans vie se trouvait à l'arrière de son véhicule incendié, non loin de sa maison de Villard-Bonnot, près de Grenoble.
L'enquête a conclu à un incendie volontaire et les analyses toxicologiques ont révélé la présence de trois somnifères différents dans le sang de la victime. Très vite, les soupçons se sont tournés vers la femme de Daniel Cano, Manuela. Au fil de leurs investigations, les gendarmes ont notamment mis au jour l'existence de tensions au sein du couple.
"Arrête de me prendre pour un con"
Manuela Cano, adepte des jeux d'argent, avait contracté un prêt de 165.000 euros garanti par l'hypothèque de la maison familiale. Or, Daniel Cano n'était pas au courant de l'opération, selon le fils de ce dernier, et la découverte du prêt avait été source de conflit au sein du couple. Après la mort de Daniel Cano, les échéances avaient été prises en charge par l'assurance décès du défunt.
Un autre fait a alerté les enquêteurs: un mois plus tôt, un incendie s'était déclenché dans la chambre à coucher du couple, alors que Daniel Cano y dormait seul. Selon Manuela, le feu serait parti d'une bougie renversée par le chien de la famille. Mais le fils de Daniel Cano a assuré avoir entendu son père lancer, quelques jours plus tard: "Manuela, arrête de me prendre pour un con, il n'y avait pas de bougie dans ma chambre".
Autre problème: quatre anciens compagnons de celle qui est surnommée "la veuve noire de l'Isère" ont été victimes d'intoxications suspectes. Deux d'entre eux avaient été hospitalisés dans un état grave, deux autres sont morts.
Une série de faits suspects
En décembre 1983, son mari d'alors avait passé trois mois à l'hôpital après avoir absorbé une forte dose d'anxiolytiques. En octobre 1984, son amant était hospitalisé dans un coma profond: Manuela Cano avait versé dans son thé des dérivés morphiniques. Elle avait écopé de deux ans de prison avec sursis pour lui avoir subtilisé par ce biais un chèque de 80.000 francs.
En avril 1989, son amant de l'époque a quant à lui perdu la vie, asphyxié par les gaz d'échappement de sa voiture, moteur allumé dans le garage de sa maison. L'enquête a conclu au suicide. En avril 1991, le nouveau compagnon de Manuela décède à son tour, asphyxié dans un débarras attenant à sa chambre, après un incendie dans l'appartement du couple. Mise en examen dans cette affaire, Manuela Cano avait bénéficiera trois ans plus tard d'un non-lieu.
"Ces faits sont soit couverts par la prescription, soit par l'autorité de la chose jugée", s'agace son avocat, Maître Ronald Gallo. Placée en détention provisoire en mars 2010, Manuela Cano encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.