Mantes-la-Jolie: les lycéens interpellés en décembre entendus par la police des polices

Il est temps pour les 151 jeunes interpellés début décembre à Mantes-la-Jolie de faire entendre leur voix. Ce lundi débutent les auditions menées par l’IGPN, la police des polices, pour faire la lumière sur les conditions de cette interpellation de masse qui a provoqué une vive polémique.
Le 6 décembre dernier, de violents affrontements ont éclaté entre les lycéens de l’établissement Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie et les forces de l’ordre. Plusieurs véhicules et poubelles ont été incendiés avec d’un côté, des jeunes armés de barres de fer et de bâtons de bois et de l’autre, les forces de l’ordre qui ont répondu avec des gaz lacrymogènes.
"Tout le monde courait, tout le monde criait"
Une fois maîtrisés, les jeunes ont été regroupés dans la cour, assis par terre, mains sur la tête, en attendant l’arrivée des fourgons de police pour être embarqués. Une scène surréaliste dont les images, largement diffusées, ont suscité un tollé. Dans une vidéo, filmée par un policier on entend celui-ci s'exclamer: "Voilà une classe qui se tient sage". La gauche notamment avait alors dénoncé l'"humiliation" infligée à ces adolescents. "Cela n’est pas la République. La jeunesse Française humiliée. Mais que cherche le pouvoir sinon la colère en retour?", avait réagi Benoît Hamon tandis que l’ancienne ministre Cécile Duflot déplorait une action "intolérable".
Cinq mois plus tard, Yasser, lycéen, n’oublie rien de cette matinée.
"Tout le monde courait partout, tout le monde criait. J’ai vu derrière moi des camarades se faire plaquer par des policiers et prendre des coups de matraques. C’est là que j’ai commencé à courir", se souvient-il au micro de BFMTV.
Comme 150 de ses camarades, le jeune homme de 17 ans est interpellé et immobilisé pendant plusieurs heures, à genoux, mains sur la tête.
"On ne lâchera pas"
Après avoir été déférés devant la justice, les deux tiers des adolescents arrêtés ont écopé d’un rappel à la loi. A partir de ce lundi, ils vont pouvoir revenir sur cet événement dans le cadre des auditions menées par l’IGPN. Un épisode attendu par Me Arié Alimi qui représente une vingtaine de familles et d'associations ayant porté plainte.
"J'attends qu'il y ait une première vérité qui soit donnée par ces lycéens. Ces jeunes n'ont pas donné leur témoignage à la justice. Jamais on est venu les voir pour leur demander ce qu'ils avaient subi. Donc aujourd'hui, c'est leur vérité qui va être transmise à l'IGPN", affirme-t-il à France Bleu.
Certaines mamans, effarées et inquiètes, ont quant à elles créé un collectif. "On se demande comment ils vont grandir avec ça. Le problème c’est que ça peut pousser à un repli, qu’il soit communautaire ou identitaire. On est entre mamans, on se serre les coudes, on veut aller au bout. On ne lâchera pas", livre l’une d’entre elles sur notre antenne. Les auditions de l'IGPN devraient durer jusqu’à mercredi.