Maltraitance: l'encadrement dans les maisons de retraite en question

La secrétaire d'Etat aux personnes âgées, Laurence Rossignol, a dénoncé des "actes graves". Trois lycéennes sont poursuivies pour des maltraitances sur des pensionnaires d'une maison de retraite de Seine-et-Marne, qu'elles ont filmées lors d'un stage et diffusées sur internet.
Questionnée sur le fait que les trois jeunes filles se soient retrouvées seules avec les pensionnaires, Laurence Rossignol a assuré que l'établissement "avait l'habitude d'accueillir des stagiaires" et que ces dernières étaient suivies par une "tutrice", mais qu'il y avait des "interstices". Elle a indiqué que les vidéos incriminées étaient "extrêmement courtes, moins de 20 secondes". La direction de l'établissement n'a pas souhaité faire de commentaire, soulignant qu'elle "se concentrait sur le bien-être des résidents, notamment des trois victimes des agissements déviants de ces stagiaires".
"Cela me paraît aberrant"
A l'entrée du château de Louche, des familles qui rendaient une visite dominicale à leurs proches apparaissaient sonnées par cette affaire. "Cela me paraît aberrant que des mineures en stage puissent être laissées sans surveillance", a réagi Dominique Gaillard, dont la mère, âgée de 90 ans et malade d'Alzheimer, est accueillie depuis septembre dans l'"unité sécurisée" de l'établissement. "Inquiet" et "choqué par ces actes inadmissibles", Laurent Dupré, venu comme chaque dimanche avec sa femme et leur petite fille, avait quant à lui "hâte" de retrouver sa mère.
Revenant sur le suivi des stagiaires dans ce type d'établissement, Lydie Corbin, infirmière dans une autre maison de retraite, à Saint-Maur-des-Fossés, explique à BFMTV qu'"on ne les laisse accompagner seuls les résidents que lorsqu'on sent que le lien se fait correctement et qu'il y a une confiance entre le résident et le stagiaire".
Les associations ont de leur côté déploré le manque de personnel d'encadrement dans les maisons de retraite. "Ça paraît énorme que des jeunes filles en stage en arrivent à violenter des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer", a déclaré Joëlle Le Gall, présidente honoraire de la Fédération nationale des associations de personnes âgées et de leurs familles (Fnapaef).
"Il faudrait une politique beaucoup plus volontariste", abonde Romain Gizolme, directeur d'une maison de retraite interrogé par BFMTV. "Il conviendrait de mettre en place un plus grand nombre de professionnels au quotidien auprès des personnes âgées", selon lui. Il considère qu'il faudrait investir trois milliards d'euros minimum dans la prise en charge des personnes âgées.
"Des actes isolés"
Le syndicat national des maisons de retraite et résidences privées pour personnes âgées (SYNERPA) appelle pour sa part "à ce que ces actes isolés ne soient en aucun cas associés à l'ensemble des intervenants et au travail quotidien des professionnels auprès des résidents".
En novembre dernier, une aide-soignante d'un EHPAD de la Loire a été condamnée à un an de prison avec sursis pour des maltraitances et des humiliations sur des pensionnaires souffrant de la maladie d'Alzheimer. En octobre, en Seine-Saint-Denis, une plainte a été déposée pour de présumées violences commises par une aide-soignante sur une femme également atteinte d'Alzheimer.