Malade, Patrick Henry veut mourir libre

Son crime avait suscité l'effroi dans la France des années 70. Condamné en 1977 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'enlèvement et le meurtre d'un petit garçon de sept ans, Patrick Henry réclame aujourd'hui une suspension de peine. Atteint d'un cancer, il est hospitalisé depuis le mois de mai dans une unité sécurisée de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris. Sa demande va être examinée ce mardi par le tribunal d'application des peines de Melun.
Cette nouvelle requête résonne comme un ultime espoir pour Patrick Henry. Après avoir déposé plusieurs demandes de libération anticipée, en janvier dernier, le tribunal d'application des peines de Melun lui accordait un parcours de probation. Le parquet avait fait appel. La cour d'appel de Paris avait alors été dans le sens du ministère public en refusant la liberté au meurtrier du petit Philippe Bertrand estimant que son projet de réinsertion n'était pas abouti et qu'un travail sur lui restait à faire.
Pronostic vital engagé à moyen terme
Aujourd'hui, la réponse pourrait être toute autre. En quelques semaines, l'état de santé de Patrick Henry s'est rapidement détérioré. Si bien que le parquet de Melun, se reposant sur l'article 720-1-1 du code de procédure pénale, s'est déclaré favorable, le 6 septembre, à sa remise en liberté. Souffrant d'un "adénocarcinome avancé (stade IV) avec métastases pleurales", les médecins estiment que ce cancer "engage le pronostic vital à moyen terme et rend son état de santé durablement incompatible avec la détention", selon le certificat médical qu'a pu consulter Libération.
Si Patrick Henry venait à être libéré, dans une lettre adressée à la justice en août dernier, il explique souhaiter s'installer dans un appartement à proximité du centre hospitalier de Lille pour suivre sa chimiothérapie. Ce logement, une condition du règlement judiciaire pour obtenir une libération anticipée, a été loué pour lui par une amie depuis 25 ans, rencontrée alors qu'elle était visiteuse à la prison de Caen où il était alors détenu. "Son espoir, c'est de mourir libre", confie Martine à BFMTV.
Procès de la peine de mort
La liberté, Patrick Henry y a déjà goûté en 2001 quand il obtient une libération conditionnelle. A l'époque, il s'était construit l'image du détenu modèle. Mais quelques mois plus tard, il se rend coupable d'un vol à l'étalage en juin 2002. En octobre, il est arrêté en Espagne en possession de plusieurs kilos de résine de cannabis. Extradé, il retourne en prison en 2003. Entre temps, il avait publié un livre, Vous n'aurez pas à le regretter.
Cette phrase, c'est celle que Patrick Henry a murmuré en 1977 à l'annonce du verdict, au moment où il échappe à la peine de mort. Le parcours judiciaire de ce dernier aurait pu tomber dans l'oubli si son procès n'était pas devenu celui de la peine de mort. Son avocat n'était autre que Robert Badinter qui livrera un plaidoyer qui va faire bouger les lignes: "On abolira la peine de mort, et vous resterez seul avec votre verdict, pour toujours. Et vos enfants sauront que vous avez un jour condamné à mort un jeune homme. Et vous verrez leur regard!"