Loi travail: les policiers dans la rue pour dénoncer la "haine contre les flics"

Depuis deux mois, les policiers sont en première ligne des manifestations contre la loi Travail. D'habitude devant ou autour des cortèges, ce sont eux qui vont manifester ce mercredi. A l'appel de tous leurs syndicats, les fonctionnaires doivent se rassembler dans 90 villes de France: Toulouse, Rennes, Troyes, Rennes, tandis qu'à Paris, ils occuperont la place de la République à partir de midi.
Ce mercredi, la mobilisation s'annonce importante. Autant que le 13 novembre 2014 où les syndicats, de manière unanime, avaient appelé à manifester. Résultat, des milliers de policiers s'étaient rassemblés dans les rues. Si les plus gros rassemblements sont attendus à Nantes, Rennes et Toulouse, dans ces villes particulièrement confrontés aux incidents lors des manifestations, à Paris, tous les syndicats participeront, à l'exception d'Unité SGP Police FO.
"Blesser ou tuer des policiers"
Ce dernier a vu son autorisation de se joindre au rassemblement place de la République refusée par la préfecture de police de Paris, au motif que le syndicat souhaitait installer un podium distinct. La place parisienne va alors connaître un va-et-vient permanent le temps de la mobilisation. N'ayant pas le droit de grève, seuls les policiers en repos ou ceux qui pourront venir sur leur temps de pause seront présents. Des barrières ont été installées tout autour de la place de la République pour permettre des barrages filtrants. Environ 400 policiers, CRS et gendarmes mobiles ont été déployés.
"Tous debout place de la République", c'est le mot d'ordre de cette manifestation qui vise à dénoncer la "haine anti-flic". "Il y a toujours eu des individus qui s'opposent à la police mais là cette violence est totalement exacerbée", dénonce Nicolas Comte, secrétaire adjoint du syndicat Unité SGP Police FO, décrivant des individus "entraînés, organisés et armés de boucliers de fortune, de bouteilles d'acide, de bombes agricoles contenant des vis".
"Très clairement, tout cela est destiné à blesser ou tuer des policiers", poursuit-il.
Sévérité de la justice
Lancé le 4 mai dernier par le syndicat Alliance, cet appel a été entendu par les autres syndicats qui réclament tous plus de protection et de reconnaissance. "Il est sûr et certain que la population soutient sa police", assure Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance. "Mais les casseurs, la CGT avec ses affiches appelant à la haine ou Force ouvrière qui s'insurge contre la répression policière, ça suffit!"
Désormais, les policiers réclament plus de fermeté de la part des autorités. Selon les syndicats, cela doit passer par des actions en justice. "Tenter d'ôter la vie à un policer, ce n'est pas rien", tonne Frédéric Lagache. "Il faut que les gens assument leurs actes". "La protection des policiers passe par les décisions pénales qui sont prises", surenchérit Nicolas Comte, qui se félicite de la qualification retenue, ce week-end, contre un manifestant accusé de "tentative de meurtre" contre un policier à Nantes.
Les casseurs, complices des terroristes?
Outre un renforcement des moyens mis à la disposition des forces de l'ordre, comme l'utilisation des canons à eau, jamais autorisée à Paris, par exemple, les policiers mettent en avant les sacrifices qu'ils font depuis 2012 et la gestion des rassemblements de la Manif pour Tous. Aujourd'hui, les syndicats avancent le chiffre de 18 millions d'heures supplémentaires cumulées dans la police nationale.
La fatigue fait également place au manque de temps pour assurer les missions premières des policiers. "Il y a toute une partie de la population qui est laissée seule face à la délinquance et à la criminalité", déplore le secrétaire général adjoint d'Alliance. Il va même plus loin en assurant que les casseurs "deviennent complices sans le savoir du terrorisme". Des déclarations choc qui, ils l'espèrent ,feront prendre conscience de la situation avant l'Euro 2016, qui demandera une fois encore une nouvelle mobilisation.
"Nous sommes dans une situation que l'on a jamais connue depuis 30-40 ans", affirme Nicolas Comte, d'Unité SGP Police FO. Si Bernard Cazeneuve a souhaité faire part de sa gratitude aux forces de l'ordre, cela reste insuffisant. De là à provoquer des comportements violents de la part des policiers, comme le laissent le supposer différentes vidéos issues des manifestations? "Ce n'est pas facile de répondre à la violence par la violence", assure Frédéric Lagache qui préfère prendre pour preuve ce bilan: depuis le début des manifestations, il y aurait eu 19 blessés du côté des manifestants contre 171 chez les policiers.