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Police-Justice

Licenciés parce que barbus? Deux ex-employés d'Orly portent plainte

Bachir, 28 ans, porte une barbe relativement courte, qui lui a été reprochée à son ancien travail.

Bachir, 28 ans, porte une barbe relativement courte, qui lui a été reprochée à son ancien travail. - BFMTV

Deux anciens salariés de Securitas assurent avoir subi des pressions sur leur apparence physique et leur confession musulmane avant d'avoir été licenciés. Ils ont porté plainte.

Des pressions pour qu'ils se rasent, des allusions à leur religion, l'islam, et pour finir un licenciement: deux anciens agents de sécurité de l'aéroport d'Orly reprochent à leur ex-employeur, Securitas, de les avoir mis à la porte, notamment à cause du port de la barbe, révèle RMC.

Bachir, 28 ans, agent de sécurité depuis 2009, assure que sa courte barbe noire lui valait "de petites piqûres de rappel" telles que: "Si vous voulez, je vous offre une tondeuse". Le 24 novembre, sa hiérarchie lui a refusé l'accès à son travail de contrôle des passagers avant embarquement: portique, scanner, palpation, fouille de bagages etc.

Un courrier lui reproche de n'avoir pas respecté le "référentiel vestimentaire", en l'occurrence "barbes, boucs ou moustaches courts, taillés, soignés et entretenus". Bachir, qui a porté plainte pour discrimination, a ensuite été licencié pour avoir enfreint ce règlement intérieur et pour d'autres motifs: "bavardage" et "retards et absences".

Il les attaque aux prud'hommes

Un autre ex-salarié de Securitas, Bechir, 34 ans, a lui été licencié en juin dernier, bien avant les attentats du 13 novembre, en raison d'une "inaptitude médicale" liée à une hernie discale. Ce père de trois enfants soupçonne son ancien employeur de l'avoir en réalité "poussé vers la sortie" à cause de sa barbe, et l'attaque aux prud'hommes. Chef d'équipe pour Securitas, il assure aussi qu'on lui avait demandé de "surveiller" les salariés musulmans, pour voir s'ils "faisaient la prière" pendant les pauses.

Pour l'avocat de Bachir et Bechir, Me Eric Moutet, il y a une "radicalisation de l'entreprise". "Certaines entreprises commencent à avoir un comportement problématique" en profitant de la "paranoïa" suscitée par les attentats, s'inquiète Me Moutet. Dimanche dernier, le PDG d'Aéroports de Paris a par ailleurs indiqué que "près de 70 badges" d'agents sur les 85.000 qui travaillent dans les zones les plus sécurisées de Roissy et Orly avaient été retirés à leurs porteurs, notamment "pour des phénomènes de radicalisation"

Securitas se dit "infiltrée par des salariés radicalisés"

Sollicitée pour réagir aux reproches de ses ex-salariés, la filiale française de Securitas, une société suédoise, n'a pas répondu à cette demande précise. Mais l'entreprise a envoyé mercredi un mail collectif expliquant que "comme l'ensemble des entreprises de sécurité privée, elle (était) ciblée par l'infiltration de salariés radicalisés", et qu'elle avait mis en place des "consignes strictes", présentées aux partenaires sociaux le 20 novembre.

Elle a rappelé "son attachement total au respect des différences, du multiculturalisme et des religions, ainsi qu'au respect du règlement intérieur en termes de tenues et d'apparence de ses agents de sécurité, en particulier quand ils sont face au public."

A. G. I vidéo: C. Da Silva, D. Bouteiller, K. Laffin