Libération des prisonniers de Chartres: "Rien d'exceptionnel"

Les prisons françaises sont surpeuplées obligeant les condamnés à excécuter leurs peines ultérieurement. - -
La polémique concernant les peines légères non effectuées reprend de plus belle depuis la libération des trois malfaiteurs de la prison de Chartres, faute de places disponibles.
Respectivement condamnés à trois mois de prison ferme pour conduite en état d’ivresse, outrage, rébellion et violence contre des policiers pour l'un, trois mois de prison ferme pour violence avec arme pour le deuxième et deux mois de prison ferme pour non-respect des travaux d’intérêt général pour le troisième, ces trois jeunes passeront l’été dehors. Selon Maitre Eolas, la modestie des peines et la surpopulation carcérale justifient la non-incarcération des détenus.
Réactions indignées
Les responsables politiques ont vivement réagi après que l'affaire a été rendue publique par l'adjoint de la circonscription de la sécurité publique de Dreux. Christian Estrosi, député-maire de Nice, a fait part de son "indignation" et a dénoncé cette remise en liberté. Manuel Valls, ministre de l’Intérieur, s'est dit "surpris" par cette décision et Christine Taubira, ministre de la Justice, a demandé des comptes concernant la décision du tribunal de Chartres.
Gaëlle James, déléguée du syndicat policier Synergie-Officiers s’est insurgée contre les risques que prennent les policiers pour arrêter ces délinquants.
A l'opposé, Françoise Martres, présidente du Syndicat de la magistrature, justifie la non-incarcération de ces trois personnes. Elle soulève que "les conditions des détenus sont indignes". Selon elle, "la surpopulation dans les cellules accentue les risques de récidive".
"Rien d'exceptionnel", selon l'USM
Contacté par BFMTV.com, Christophe Reynard, président de l’Union Syndicale de Magistrats (USM), assure qu'il n’y a là rien de nouveau. "La remise en liberté des condamnés de Chartres n’a rien d’exceptionnel. Depuis 2001 la situation est la même, explique-t-il. Les gouvernements se succèdent mais rien de concret n’est créé. Depuis quinze ans, le problème d’organisation reste entier: la police envoie les numéros d’écrous à la justice mais cette dernière n’a pas de place pour les incarcérer et conseille même aux policiers de ne pas aller arrêter les jeunes délinquants."
Selon le ministère de la Justice, 67.977 personnes sont incarcérées, au 1er juin 2013, pour environ 60.000 places disponibles. La situation est donc bloquée, d’autant qu’entre 80 et 10.0000 condamnés voient l’exécution de leurs peines repoussée.
"Si l’on entasse les condamnés, la Cour européenne des droits de l’homme a la possibilité, voire l’obligation de les faire libérer. Il vaut mieux différer l’exécution des peines dans le temps… aussi long soit-il", assure-t-il.
Christine Taubira n’a de cesse de vouloir privilégier la probation (suspension d'une peine au profit d'une mise à l'épreuve). Là encore, Christophe Reynard est sceptique et l’explique: "L’aménagement des peines, une libération anticipée, ce sont déjà de la probation. Nous attendons avec impatience ce qu’elle va proposer. Il faut savoir qu’aux Pays-Bas un Conseiller d’Insertion Pénitentiaire (CIP) s’occupe de la réinsertion et du suivi de vingt détenus. En France, le même conseiller contrôle cent personnes. Il lui est quasiment impossible de bien faire son travail. Commençons déjà par suivre le bon exemple!", conclut-il.