Le procès "n'enlèvera jamais la blessure": une victime d'inceste raconte son calvaire
Après des années de souffrance, il espère que la justice l'aidera à tourner la page. Marc raconte avoir été victime d'inceste de ses 5 ans à ses 17 ans. Des abus sexuels à répétition perpétrés par un cousin, de onze ans son aîné. "C'était quand je le croisais, lors des vacances d'été. Nous habitions dans un immeuble où nous étions au 4e étage et lui au 3e, donc je le croisais assez régulièrement", détaille-t-il à BFMTV.
Et de poursuivre: "Au début, vous ne comprenez pas ce qui vous arrive parce que vous avez 5 ans, c'est une personne que vous connaissez, qui est proche de vous, donc vous ne vous rendez pas compte du mal."
Blessure indélébile
Il y a cinq ans, en 2016, Marc a trouvé le courage de mettre des mots sur ce qu'il a subi et a décidé de porter plainte après des années de souffrance. Si son tabou a enfin pu être brisé, les violences subies et leurs conséquences n'ont pas été effacées pour autant.
"Actuellement je n'arrive pas à travailler car je ne supporte pas l'autorité de quelqu'un. J'ai toujours l'impression d'être sous l'emprise de quelqu'un qui dirige ma vie. Il y a des moments d'angoisse, des insomnies...", dépeint-il, espérant que le procès à venir l'aide à "tourner la page". "Mais ça n'enlèvera jamais la blessure."
Débat autour de l'imprescriptibilité
Me Etienne Lesage, l'avocat de Marc, sera à ses côtés pour le représenter et pour défendre, plus globalement, l'imprescriptibilité en matière d'inceste.
"Pour les enfants victimes d'abus sexuels, il n'y a pas de prescription possible car le traumatisme peut surgir de l'inconscient" après de nombreuses années. Ce "travail" psychologique "ne se prescrit pas", argue le pénaliste.
Alors que le délai de prescription pour les crimes sexuels sur les mineurs a été allongé en 2018 à 30 ans, à compter de leur majorité, plusieurs voix s'élèvent pour réclamer leur imprescriptibilité, en particulier pour l'inceste. "Il y a des systèmes d'omerta, de verrouillage du secret, surtout au sein des familles. Puis le secret finit par exploser mais c'est souvent trop tard: il y a prescription", déplore à l'AFP Céline Piques, d'Osez le féminisme.