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Police-Justice

La soeur du chauffard de Nantes témoigne: "Son comportement n'était pas normal"

La camionnette qui a foncé sur la foule, lundi soir, à Nantes, inspectée par la police.

La camionnette qui a foncé sur la foule, lundi soir, à Nantes, inspectée par la police. - Georges Gobet - AFP

Deux jours après le drame de Nantes, qui a coûté la vie à un jeune homme de 25 ans, la soeur du chauffard s'exprime, dans les colonnes du "Parisien". Elle décrit un individu solitaire, isolé, qui aurait connu un "pétage de plombs".

"J'aurais dû faire interner Sébastien. Je m'en voudrai toute ma vie". Au lendemain des faits et alors que l'une des victimes, un jeune homme de 25 ans, a succombé à ses blessures, Loëticia, la soeur de l'homme qui a foncé sur la foule à bord de sa camionnette, lundi soir, à Nantes, a confié son désespoir au Parisien, et accepté de témoigner sur les troubles du comportement dont est victime son frère.

En rupture avec sa famille

La jeune femme a appris dans la nuit de lundi à mardi, via les médias, que son frère de 37 ans était bel et bien le chauffard qui a foncé en voiture sur la foule en plein marché de Noël, sur la place Royale de Nantes, lundi soir, au lendemain de faits similaires survenus à Dijon, fauchant dix personnes. L'une d'entre elle, un jeune de 25 ans, a succombé à ses blessures, mardi.

Dès lundi soir, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a évoqué l'oeuvre d'un "déséquilibré". Loëticia confie ne pas avoir vu son frère depuis plusieurs années, tout comme ses parents, qui n'ont pas eu de nouvelles de lui depuis deux ans. Jadis proche de ses siens, Sébastien s'était en effet progressivement éloigné de sa famille, refusant d'ouvrir sa porte ou de répondre au téléphone. "Vers ses 30 ans, il s'est mis à fumer du cannabis, et je voyais qu'il n'était pas bien", explique-t-elle.

"Son comportement n'était pas normal. Il fallait le faire soigner. Mais il ne voulait rien entendre", poursuit-elle, avant d'ajouter: "On a discuté ensemble d'un possible internement d'office, que je souhaitais, mais nous n'avons pas osé franchir le cap, craignant qu'il ne s'éloigne un peu plus".

Un "pétage de plombs"

Loëticia évoque un jeune homme très timide, solitaire depuis l'enfance, et qui n'avait pour seule compagnie que sa chienne berger allemand, qu'il "emmenait partout avec lui". Mauvais à l'école, Sébastien s'était trouvé une passion pour les plantes grasses, qui l'avait poussé à suivre une formation de paysagiste.

"Très mûr", propriétaire depuis sept ans d'une maison à Berneuil, une petite commune de Charente-Maritime, où il vivait seul et en vase-clos, Sébastien, qui souffrait également d'alcoolisme, aurait récemment connu, selon les termes de sa soeur, un "pétage de plombs", qui expliquerait le geste commis lundi. "Je ne vois que ça. Une problématique psychiatrique, accentuée peut-être par la consommation de cannabis", précise Loëticia, avant de conclure: "ce que mon frère a commis est tout bonnement monstrueux. Mais moi, je sais pourtant que lui n'est pas un monstre". 

Jardin brûlé

Placé sous curatelle, Sébastien aurait récemment perdu son emploi de pépiniériste, selon les gendarmes. Depuis le début du mois de décembre, le jeune homme avait plusieurs fois mis le feu au jardin de sa maison, auparavant rempli de palmiers et d'oliviers, provoquant la colère de ses voisins. "Autour du 12 décembre, j'avais demandé au policier intercommunal d'aller le voir, mais le gars ne lui avait pas laissé accès à sa propriété", se souvient le maire de la commune, Joël Reignier.

Lundi soir, après le drame de Nantes, un carnet a été retrouvé à bord de la voiture de Sébastien, contenant "des propos pour le moins confus", selon la procureur de la République. L'homme y dit notamment "sa haine de la société" et évoque "un risque d'être tué par les services secrets". Il y affirme aussi que "sa famille le dénigrait sur Internet".