L'inquiétude d'un CRS intervenu à Rouen: "J'ai peur des répercussions sur ma santé dans 10 ou 15 ans"

Il se souvient de l'odeur. "Une odeur de brûlé et de produits toxiques dont je ne saurais pas définir la provenance, on était assez gênés", raconte Robert à BFMTV. Ce CRS est intervenu à Rouen jeudi après-midi, plusieurs heures après le début de l'incendie dans l'usine Lubrizol. Il témoigne de son inquiétude depuis l'opération.
"Je me pose des questions sur ma santé", explique Robert, placé à 100 mètres de l'usine pour mettre en place un périmètre de sécurité. "J'ai peur des répercussions dans 10, 15 ans."
Un témoignage qui ressemble à ceux de ses collègues policiers ou pompiers, présents pour endiguer la catastrophe. "On est tous inquiets, car on sait qu'on a respiré quelque chose de pas propre", raconte ainsi un sapeur-pompier à France 3 Normandie.
"Un simple masque en tissu, rien qui ne filtre l'air"
Alors que les habitants étaient invités à limiter leurs déplacements, voire à se confiner chez eux, les forces de l'ordre et pompiers étaient, eux, toujours sur les lieux du sinistre. Avec peu de protections pour certains, affirme Robert. "J'ai dû attendre, au moins, je pense deux heures avant d'avoir le masque. C'était un simple masque en tissu donc, rien qui ne filtre l'air vraiment", relate-t-il.
Un pompier interrogé par France 3 Normandie affirme que leurs tenues étaient lavées toutes les quatre heures, mais qu'ils n'avaient que des masques légers FFP2, qui servent à protéger des bactéries ou de la poussière. L'homme raconte avoir été marqué par les masques portés par les employés de l'usine: "Des masques filtrants, qui semblaient plus appropriés".
"On a des policiers qui ont été complètement livrés à eux-mêmes, des collègues qui avaient des masques en papier et qui ont décidé d'en faire usage. Si des policiers ont ce type de masque sur les photos, ce n'est pas sur consigne des autorités. Il n'y a eu aucune consigne", déclarait Linda Kebbab, déléguée nationale Unité SGP Police FO, mardi sur BFMTV.
Nausées, vomissements, maux de tête...
Robert confie avoir subi des maux de tête le lendemain de l'intervention, qui se sont progressivement dissipés. Il est loin d'être le seul. Lundi, le syndicat Alternative Police publiait un communiqué dans lequel il écrivait que des "primo-intervenants sur l'incendie sont actuellement en arrêt maladie pour des nausées, vomissements, vertiges. Deux d'entre eux sont actuellement en traitement jusqu'au 8 octobre".
Des examens médicaux de tous les effectifs présents ce jour-là ont été réclamés par les syndicats. Le Premier ministre Edouard Philippe a assuré que, pour les pompiers ou policiers intervenus sur le site, le gouvernement allait "faire tout ce qui est en [sa] capacité pour les accueillir dans de bonnes conditions". Mais une semaine après l'incendie, l'inquiétude persiste.
"Ras-le-bol qu'on soit pris pour de simples pions, il faut bien que l'administration réalise qu'on doit nous protéger aussi pour que l'on puisse protéger tout le monde", lâche Robert.