L'ex-ambassadeur Boillon et ses 385.000 euros en liquide devant la justice

Boris Boillon en 2011, à Tunis - Fethi Belaïd - AFP
Le diplomate et ancien "Sarko boy" Boris Boillon, interpellé le 31 juillet 2013 avec 350.000 euros et 40.000 dollars en liquide alors qu'il prenait un train pour Bruxelles, est jugé ce lundi et ce mardi à Paris, notamment pour "blanchiment de fraude fiscale".
Un style oscillant entre "Men in Black" et "James Bond", un franc parler peu usité dans les milieux diplomatiques et une succession de maladresses avaient entaché sa carrière au Quai d'Orsay, qui l'a finalement suspendu en novembre.
Une mission à l'ONU
En septembre 2016, il avait décroché une dernière mission auprès des Nations unies, à New York. Le ministère avait mis en avant la présomption d’innocence et assurait que Boris Boillon avait tout à fait le droit de retrouver un poste après la fin de sa mise en disponibilité.
À 47 ans, Boris Boillon a déjà une longue carrière derrière lui. Ancien ambassadeur de France à Bagdad et à Tunis, ce proche conseiller de Nicolas Sarkozy a sillonné l'Irak pour soutenir des contrats commerciaux à seulement 40 ans. En 2012, il avait demandé sa mise en disponibilité après l'élection de François Hollande.
Obligation de déclarer tout transfert dépassant 10.000 euros
C'est cette fois à la justice que l'ex-diplomate devra répondre: l'ex-conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy à l'Élysée, un temps reconverti dans le consulting, a été cité à comparaître par le parquet pour "blanchiment de fraude fiscale", "faux et usage de faux", "manquement à l'obligation déclarative de transfert de capitaux" et "abus de biens sociaux". Selon le code des douanes, la loi impose de déclarer tout transfert international en liquide dépassant les 10.000 euros.
Selon une source proche de l'enquête, Boris Boillon avait expliqué aux enquêteurs que ces sommes provenaient de ses activités professionnelles privées en Irak. D'après lui, ces prestations étaient rémunérées en liquide, du fait des carences du système bancaire irakien.
"Il s'affranchissait de toutes les règles"
Avant cet épisode, il avait déjà défrayé la chronique lorsqu'il était encore ambassadeur, avec une photo de lui en maillot de bain et pour son attitude envers les journalistes tunisiens. Le grand reporter au Figaro Georges Malbrunot, qui l'a beaucoup côtoyé, décrivait un homme au comportement sanguin.
"C'est un homme qui a beaucoup de qualités et beaucoup de défauts d'après ceux qui l'ont bien connu. C'est quelqu'un de courageux, en Irak il se déplaçait beaucoup, il avait noué beaucoup de contacts avec les responsables et il parle arabe", expliquait le journaliste à BFMTV. "Mais aussi beaucoup de défauts, car avec lui, la forme tue le fond, et il s'affranchissait de toutes les règles en usage dans le corps diplomatique".