"J'étais en état de choc": une interprète péruvienne accuse l'Abbé Pierre d'une agression sexuelle en Suisse

L'Abbé Pierre, le 3 août 2005 à son domicile à Alfortville, dans le Val-de-Marne - OLIVIER LABAN-MATTEI
Les témoignages contre le fondateur d'Emmaüs se multiplient. Esther Romero, une Péruvienne, affirme avoir été agressée par l’abbé Pierre en novembre 1988. Elle a raconté pour la première fois sa rencontre avec l'homme de foi, visé par une série d’accusations de violences sexuelles, à nos confrères de RTL.
Esther Romero, aujourd'hui âgée de 88 ans, n'a rien oublié de cette matinée de novembre 1988. Ce jour-là, la Péruvienne qui travaille comme interprète et journaliste, a rendez-vous avec l'abbé Pierre dans un hôtel à Genève (Suisse).
"Il est sorti de sa chambre quand il m’a vue sortir de l’ascenseur. J'ai vu un très petit homme, frêle, très vieux. J'avais 56 ans, lui 72 je crois", explique Esther Romero à RTL.
La journaliste s'apprête à lancer son interview "mais au lieu de s'asseoir sur sa chaise, il est venu près de moi et puis il s'est pressé contre moi", affirme Esther Romero auprès de nos confrères.
"Il m'a mis la langue dans la bouche"
"Il a pressé son corps contre moi. Et moi, avec étonnement, avec choc, il m'a semblé qu’il avait une érection", poursuit-elle.
Puis, selon son récit, l’abbé Pierre "a commencé à me frotter le sein avec les mains au-dessus de mon pull. Il l’a mis la langue dans la bouche."
Esther Romero a quitté précipitamment les lieux après les faits qu’elle dénonce, mais elle s’est murée dans le silence pendant près de 20 ans. Elle n’a pas déposé plainte. "Je croyais que c’était un saint comme mère Thérésa", explique-t-elle à RTL.
"C'est une hypocrisie de la part de l’Église catholique de cacher cette histoire pendant presque 70 ans maintenant, je le sais. Pour moi c’est un scandale et c’est bien qu’il soit connu par tous", conclut-elle.
L'Abbé Pierre, figure emblématique de la lutte sociale mort en 2007, est accusé par un total de 24 femmes d'avoir commis des violences sexuelles, selon les rapports d'un cabinet spécialisé. Les témoignages font état d'agressions sexuelles, dont trois sur des mineures, et de viols.