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Police-Justice

"J'ai suivi les pratiques qui existaient": trois fossoyeurs jugés pour avoir soustrait des dent en or

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Quatre hommes, dont trois fossoyeurs du cimetière parisien de Pantin, sont jugés ce jeudi après-midi. Ils sont soupçonnés de vol en réunion et d'avoir porté atteinte à des cadavres en arrachant des dents en or et des bijoux.

"Je n'ai jamais volé d'ossements, de mâchoires... J'ai suivi des pratiques qui existaient déjà. C'est comme quand vous marchez dans la rue et que vous voyez 20 euros, vous les ramassez." David B. n'en démord pas: il n'a rien d'un instigateur, encore moins d'un voleur. Ce jeudi après-midi, cet homme de 35 ans comparait devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour vol en réunion, profanation de sépultures et atteinte à l'intégrité d'un cadavre. Trois autres hommes sont jugés à ses côtés. Il leur est reproché d'avoir soustrait des dents en or ou autres bijoux aux morts.

"Pratique habituelle"

David B. exerçait le métier de fossoyeur au cimetière parisien situé sur la commune limitrophe de Pantin, en Seine-Saint-Denis. Le fossoyeur est celui qui creuse les fosses. Un travail au cours duquel il a été amené à réaliser des exhumations administratives sur des sépultures abandonnées. "On a toujours fait les choses dans les règles de l'art", assure l'homme qui reconnaît volontiers avoir "ramassé" des dents en or pour les revendre à des bijouteries. "Je stockais au fur et à mesure quand j'en trouvais", poursuit-il, martelant qu'il ne s'agit pas d'un vol. Car rien d'illégal pour lui: il a juste repris une habitude partagée par les employés du cimetière.

"C'est une pratique habituelle de la profession de fossoyeur qui ne se dit pas, abonde son avocat, Me Yves Crespin. Lors de la remise en état de sépulture, les dents en or sont les seules choses qui restent. Il n'y a jamais eu d'intention de prendre la chose d'autrui"

Les faits qui lui sont reprochés remontent à novembre 2009 et ont pris fin trois ans plus tard, le 26 novembre 2012. Ce jour-là, David B. est arrêté au milieu de la nuit à proximité du cimetière de Pantin. Accompagné d'un proche, les deux hommes sont équipés de lampes frontales et d'une barre à mine. Dans la voiture du trentenaire, sont retrouvés un marteau, une hachette, une balance électronique et, entre autre, des gants tachés de terre. Sur lui, un petit sac contenant 11 dents recouvertes d'or. D'autres "dents semblaient porter de la terre fraîche", note une source proche de l'enquête.

"Instigateur"

Placé en garde à vue, David B. reconnaît avoir soustrait des dents sur une mâchoire lors d'un "creusement" destiné à nettoyer une tombe abandonnée. Il reconnaît également avoir escaladé la mur d'enceinte du cimetière dans la nuit de son interpellation pour récupérer des outils afin de réaliser des travaux dans la maison qu'il vient d'acquérir. Les policiers et la justice estiment pour leur part que le jeune homme a volontairement ouvert des sépultures ce soir du 26 novembre 2012 pour y récupérer des objets de valeur. Plus largement, il est soupçonné d'être "l'instigateur" d'une combine. Deux autres fossoyeurs, également poursuivis, ont affirmé que David B. leur demandaient de ramasser tout ce qu'ils trouvaient afin de le revendre.

Lors d'un interrogatoire, l'employé de la mairie de Paris, partie civile dans cette affaire, a reconnu "s'être fait remettre des objets en or par ses collègues" afin de pouvoir le revendre plus cher, car en plus grande quantité. Aux policiers, il a expliqué s'être rendu, rien qu'entre juin et novembre 2012, une dizaine de fois dans une bijouterie du XIXe arrondissement de Paris où il avait vendu pour 11.000 euros d'or. Après répartition entre les fossoyeurs, il lui serait resté environ 2.500 euros. L'enquête tend à démontrer que les sommes pourraient être bien plus conséquentes, sans toutefois noter un enrichissement personnel.

Justine Chevalier