BFMTV
Police-Justice

Institutrice tuée à Albi: comment gérer l'après pour les enfants?

Maîtresse poignardée à Albi: ""Il faut essayer de donner aux les explications les plus claires possibles".

Maîtresse poignardée à Albi: ""Il faut essayer de donner aux les explications les plus claires possibles". - -

Une enseignante de maternelle a été poignardée vendredi matin par une mère d'élève, devant les enfants de sa classe. Quelles séquelles peuvent avoir ces enfants âgés de 4 à 6 ans? Quel est le rôle de la cellule psychologique et celui des parents?

Une institutrice de 34 ans a été poignardée à mort ce vendredi matin à Albi par une mère d'élève. La scène s'est produite devant les enfants, des élèves de maternelles âgés de 4 à 6 ans. Comment les aider à surmonter ce traumatisme? Quelles peuvent-être les séquelles? Nous avons posé la question à la psychanalyste Catherine Vanier.

Quelles séquelles peuvent avoir ces enfants?

C'est un choc d'assister à une scène pareille, mais les séquelles vont être extrêmement variables d'un enfant à l'autre. Tout dépend de quel enfant il s'agit, de son histoire, de ce qu'il aura compris de ce qu'il s'est passé.

Cela peut aller des séquelles typiques du traumatisme, des cauchemars, des angoisses, le refus de retourner à l'école, à certains enfants qui n'auront peut-être aucune séquelle.

Les syndrômes post-traumatiques peuvent ressurgir des années après. Il peut y avoir des réminiscences, des cauchemars qui reviennent des années plus tard. D'où l'importance de pouvoir amener les enfants à en parler tout de suite.

Comment aider ces enfants?

Il faut leur permettre d'en parler, leur en parler et faire en sorte qu'on reste attentif à eux. Il sera important également de parler aux parents, pour les aider à repérer les moments particulièrement difficiles, ce qui est en jeu, ce qu'il se passe pour l'enfant.

C'est dans l'après coup que quelques fois, les symptômes peuvent se manifester pour les enfants. Les parents doivent rester attentifs à leur enfant sur la longue durée et pas juste dans les jours qui viennent.

Comment leur en parler?

Il faut essayer de leur donner les explications les plus claires possibles. Le problème, c'est que même pour des grandes personnes, cela reste mystérieux. Comment quelqu'un peut-il aller tellement mal au point de poignarder une autre personne? Il faut essayer de rassurer l'enfant sur le fait que ce n'est pas une situation ordinaire.

On peut leur dire que cette maman n'était pas comme toutes les autres mamans, et qu'elle était certainement très malade et c'est pour ça qu'elle a fait cela. Mais que les mamans ne tuent pas les maîtresses, qu'ils n'ont pas de souci à se faire.

Le jeune âge des enfants est-il un élément déterminant?

Ce n'est pas une question d'âge, c'est une question d'enfant. Même si, en fonction de son âge, l'enfant réagit différemment, comprend différement. La façon de lui parler pour lui expliquer est différente.

Le choc est d'autant plus important pour les enfants dont c'est la maîtresse. Ils ont un lien très fort avec leur maîtresse, quand ils sont petits. En tout cas, c'est mieux qu'ils n'aient pas à retourner à l'école demain matin.

Comment se déroule une cellule psychologique?

Il y a plusieurs possibilités. Le debriefing en groupe a été beaucoup remise en cause, des études ont montré que le debriefing pouvait lui-même être traumatique. Il vaut mieux privilégier le travail au cas par cas avec les enfants.

Il serait bien de penser aussi aux parents, sans parler des autres professeurs de l'école.

Propos recueillis par Magali Rangin