Incidents de Moirans: comment l'enquête va-t-elle être menée?

Des voitures brûlées à Moirans, au cours des émeutes. - Philippe Desmazes - AFP
L'enquête s'annonce "extrêmement difficile", a prévenu le procureur de la République, mercredi. Après les violentes émeutes survenues mardi à Moirans, dans l'Isère, où des membres de la communauté des gens du voyage ont incendié des véhicules et bloqué des routes et des voies SNCF pour protester contre une décision de justice refusant la sortie de prison d'un des leurs pour assister aux funérailles de son frère, aucune interpellation n'a encore été menée. Faute d'éléments d'identification précis pour le moment, l'enquête pourrait prendre des semaines.
Un long travail d'identification
Au moment des incidents, les participants portaient pour la plupart des cagoules et des gants, ce qui complique tout travail d'identification. L'enquête est alors considérablement ralentie. La police devra donc décortiquer chaque indice.
"On ramasse toutes les photos, on les compare avec les banques de données existantes. Et ensuite, quand on interroge les gens, on leur demande: 'vous étiez là, à tel endroit, à telle heure. Qu'y faisiez-vous?'", explique à BFMTV Charles Pellegrini, consultant en gestion des risques. Mardi soir, la préfecture de l'Isère avait fait savoir qu'un hélicoptère avait été envoyé au-dessus de la zone des incidents pour capturer des clichés.
Des mois d'enquête
Problème: il faut ensuite prouver la culpabilité des émeutiers. Des indices ne suffisent pas. Il faut constituer des dossiers solides, et cela prend du temps.
"Dans deux mois, dans trois mois, dans six mois, quand tout sera apaisé, quand les responsables, les meneurs, qui auront pu être identifiés, même partiellement, se seront calmés, auront repris confiance, ils seront interpellés", détaille l'ancien commissaire de police René-Georges Querry.
Pour faire avancer l'enquête, le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, a saisi le Groupement de Gendarmerie de l’Isère et la section de recherches de Grenoble. "Ca peut prendre plusieurs semaines. Ce n'est pas une question de temps, mais de preuve et de justice", a déclaré le magistrat. "Toute précipitation et toute pression excessive peut nuire au résultat d'une enquête. Je veillerai à ce que les enquêteurs ne subissent pas de pression excessive. Ils ne rendront de compte qu'à moi", a-t-il indiqué.