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Police-Justice

Incendies: dans la tête d'un  pyromane

Un jeune homme de 19 ans a été mis en examen pour avoir provoquer au moins 8 feux dans les Bouches-du-Rhône.

Un jeune homme de 19 ans a été mis en examen pour avoir provoquer au moins 8 feux dans les Bouches-du-Rhône. - AFP

Deux hommes ont été arrêtés vendredi et samedi dans l'enquête sur les différents incendies qui sévissent ces dernières semaines dans le sud de la France et en Corse.

Les enquêteurs le savent: la recrudescence des incendies dans le sud-est de la France et en Corse est la conséquence, notamment, de gestes d'imprudents. C'est le cas de cette femme de 69 ans condamnée mardi pour avoir provoqué involontairement -en lançant un pétard pour effrayer son chien- l'incendie de Pietralba qui avait pu être rapidement fixé. La justice lui a infligé une peine de trois mois de prison avec sursis.

Un geste maladroit dans certains cas, un acte volontaire dans d'autres. Depuis le début de la série d'incendies qui touche le sud-est de la France et la Corse, plusieurs suspects ont été interpellés. Deux hommes ont été condamnés la semaine dernière à un et trois ans de prison ferme pour avoir volontairement provoqué les feux à Monasque et près de Digne-les-Bains. Un quinquagénaire a été placé en garde à vue ce samedi soupçonnés d'être à l'origine de départs de feu près de Bastia.

Pulsion

Vendredi, un jeune homme de 19 ans avait reconnu être à l'origine de 8 incendies sur les communes d'Istres et Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. Un acte qui peut se comprendre comme une pathologie qui répond à une pulsion.

"La personne va ressentir une grande tension, une angoisse et cette tension ne va pas baisser avant qu’elle mette le feu", détaille le Dr Marina Litinetskaia, chef du service psychiatrique de l'hôpital Maison Blanche à Paris et experte pour la cour d'appel de Paris.

Ce trouble du comportement, qui est passible de 15 ans de prison -voire la perpétuité si des victimes sont à déplorer- se caractérise alors par une fascination pour le feu et les flammes. "Une fois qu’elle a mis le feu, elle va ressentir un soulagement et ressentir un grand plaisir", poursuit la psychiatre. Le plaisir de regarder le feu, le plaisir de voir les dégâts, parfois des dégâts humains lourds, le plaisir de voir les pompiers arriver, les personnes s’agiter. Mais aussi le plaisir de se voir à la télévision."

Rapidité

Pour tenter d'identifier les pyromanes, une cellule spécialisée au sein de la gendarmerie a été crée en 2003. Gendarmes, forestiers et pompiers travaillent de concert. "Le but c'est de trouver des traces de passage d'individus, éventuellement de système de mise à feu que l'on pourra analyser en laboratoire", détaille Christophe Peigne, technicien en identification de la gendarmerie.

Dans l'interpellation du jeune de 19 ans dans les Bouches-du-Rhône, deux éléments ont été décisifs: "d'une part les recherches techniques qui ont permis de faire ressortir que chaque incendie répondait au même mode opératoire et en même temps les enquêtes de voisinage qui ont permis de faire un portrait-robot", explique Jean-Marie Salanova, directeur départemental de la Sécurité Publique. Et dans ce genre d'affaire, la rapidité est cruciale.

"Il est toujours très important d’aller très vite" poursuit le policier. "On constate souvent que les pyromanes s’enhardissent, et les incendies sont souvent d’une ampleur de plus en plus importante."

J.C.