Incendie mortel à Boulogne: colère des résidents du foyer de travailleurs migrants

L'odeur de brûlé flotte encore dans l'air aux abords du foyer de travailleurs migrants de Boulogne-Billancourt. L'incendie qui s'est déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi a fait un mort et blessé douze autres personnes. Kébé qui habite dans le foyer depuis dix ans était dans le bâtiment au moment de l'incendie.
Comme de nombreux autres résidents, il se sent abandonné et anéanti par la réaction des représentants de sa commune, qui réclament la fermeture du foyer. Vendredi, le ministère de l'Intérieur évoquait de son côté une "ambiance délétère" dans le foyer avec un "probable règlement de comptes" entre des résidents.
"Nous on est là, on n'est pas des voyous, on n'est pas des voleurs, on n'est pas des criminels, on est juste là pour gagner notre baguette", explique-t-il.
Des conditions sanitaires inquiétantes
Kébé vit dans cet immeuble de 300 chambres. Mais en réalité selon les résidents, plus de 700 personnes y logeraient, partageant des petites chambres insalubres. Certains vivent à trois dans 10 m2 seulement, pour un loyer moyen de 600 euros. Les résidents dénoncent surtout l'état de délabrement avancé de leur logement à l'origine de conditions sanitaires inquiétantes.
"Il y a des souris souvent. Les cuisines ne sont pas nettoyées comme il faut, même les waters. Il n'y a pas de gaz, de chauffage partout", décrit Amadou Gueye, résident du foyer depuis une dizaine d'années.
D'autres évoquent également des problèmes d'aération dans les chambres entraînant des problèmes respiratoires. Pour l'association Droit au logement, les migrants sont délibérément délaissés dans cette situation critique.
"L'objectif à la fois du gestionnaire, mais en tout cas de la municipalité et des acteurs qui sont autour, c'est de détruire ce foyer. Même le sous-préfet a dit il faut fermer ce foyer. L'immeuble, il n'est pas si mal que ça, il est assez récent. Une bonne réhabilitation et ça repart", estime Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association.
Dans un communiqué publié vendredi, le maire de Boulogne-Billancourt Pierre-Christophe Baguet a déploré ce drame "qui aurait pu être évité", réclamant la "fermeture immédiate" du centre. Depuis l'incendie vendredi, aucun des occupants n'a été relogé.