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Police-Justice

Incendie à Paris: 6 corps sur 10 identifiés, le point sur les derniers éléments de l'enquête

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Rémy Heitz, procureur de la République de Paris, a précisé ce mercredi lors d'une conférence de presse le déroulement des événements la nuit de l'incendie qui a fait au moins 10 morts dans le 16ème arrondissement de la capitale. Il a notamment révélé que la suspecte avait été admise en psychiatrie 13 fois, et jusqu'au 30 janvier dernier.

Les circonstances de l'incendie qui a fait au moins dix morts dans le 16ème arrondissement de Paris mardi se précisent. Lors d'une conférence de presse organisée ce mercredi, Rémy Heitz, procureur de la République de Paris, a fait le point sur l'enquête. 

6 corps identifiés à ce stade

"Nous déplorons le décès de 10 personnes. 96 blessés dont 8 pompiers ont par ailleurs été pris en charge. Une personne est toujours en état d'urgence absolue", a déclaré le procureur de la République, qui rappelle la mise en place d'une cellule psychologique à la mairie du 16ème arrondissement. 

  • Rémy Heitz a indiqué que six corps sur dix avaient pour le moment été identifiés. Ce mercredi matin, le lieutenant colonel Gabriel Plus, porte-parole des sapeurs-pompiers de Paris, déclarait par ailleurs chercher "potentiellement d'autres victimes". Il faut "être sûr qu'il ne manque personne, être sûr de ne pas retrouver encore une personne ensevelie", a t-il affirmé sur BFMTV. 

"Ça va te faire tout drôle quand tout va exploser"

Le procureur de la République est revenu sur le déroulement précis des faits, la nuit du drame. "A 00h10, un habitant de l’immeuble, habitant le deuxième étage et qui est pompier, a contacté la police pour un différend avec une voisine. Cette dernière aurait jeté une bouteille en sa direction alors qu'il lui demandait de faire moins de bruit", explique t-il. La police se rend alors rue Erlanger et note que cette femme tient des propos confus. Les forces de l'ordre ne donnent pas suite à l'incident et quittent finalement les lieux vers 00h30. Le pompier a recroisé sa voisine peu après. Elle lui aurait alors dit:

"Regarde moi droit dans les yeux, toi qui aimes le feu ça va te faire tout drôle quand tout va exploser."

0,52 mg d'alcool par litre d'air expiré

En remontant vers son appartement, le pompier remarque un épais voile de fumée et une odeur "typique de celle d'un incendie." Les pompiers arrivent sur place à 00:44. Dans le même temps, les forces de l'ordre ont été appelées pour un feu de poubelles rue Molitor, non loin de la rue Erlanger.

"Une femme, Essia B. est alors interpellée en état d’ébriété alors qu'elle incendiait une seconde poubelle. Elle présentait alors un taux d'alcoolémie de 0,52 mg d'alcool par litre d'air expiré. Un lien est rapidement fait entre les deux événements", explique le procureur. Entendue après dégrisement, Essia B. tenait des propos confus mais affirmait ne pas avoir commis les faits. Sa garde à vue a finalement été levée compte tenu de sa santé mentale. "Si son état de santé n’évolue pas, elle pourra être hospitalisée d’office. Des experts psychiatres, désignés dans le cadre d’une information judiciaire, devront indiquer si le discernement de cette femme était altéré ou pas au moment des faits."

  • La suspecte internée en psychiatrie jusqu'au 30 janvier dernier

Le procureur de la République a par ailleurs affirmé qu'aucune condamnation ne figurait dans son casier judiciaire. "Elle a toutefois été impliquée dans deux procédures en 2016, l'une pour vol précédé de dégradations, en l'occurrence la mise à feu de vêtements dans un magasin. L'autre, pour une contravention de violences. Ces deux procédures ont été classées en raison de son état mental", explique t-il. 

Essia B. a par ailleurs fait l'objet de treize hospitalisations à l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne entre 2009 et 2019. La dernière en date, du 18 au 30 janvier, a été levée sur décision médicale.

Un ou plusieurs départs de feu?

Une enquête pour "destruction d’un bien appartenant à autrui ayant entraîné la mort et des blessures" a été ouverte. Elle a été confiée au premier district de police judiciaire de Paris. Des analyses et expertises sont en cours pour déterminer les circonstances exactes de l’incendie. "Il n'est pas possible de dire s’il y a un seul ou plusieurs départs de feu, l’immeuble n’ayant été sécurisé que ce soir", a précisé Rémy Heitz.
Cyrielle Cabot