Incendie à Aubervilliers: que risque l'enfant de 12 ans mis en examen?

L'adolescent ayant moins de 13 ans, il pourrait écoper de mesures éducatives. - -
L'enfant de 12 ans a fini par avouer les faits à la brigade criminelle. Samedi soir, il a mis le feu à une poussette dans un immeuble d'Aubervilliers, avec des allumettes. Son frère cadet, âgé de 10 ans, était à ses côtés. Plaisanterie de gamin ou non, ce geste fou a entraîné la mort de trois personnes, dont une femme enceinte, et fait trois blessés graves.
Le jeune garçon a été mis en examen lundi soir, pour "destruction volontaire par incendie ayant entraîné la mort". Son frère a quant à lui été placé sous le statut de témoin assisté", statut intermédiaire entre témoin simple et mis en examen.
> Qui sont ces enfants?
Les deux frères sont des enfants ordinaires, décrits comme un peu plus turbulents que la moyenne par le voisinage, mais sans méchanceté. Selon certains témoignages, ils traversent une crise familiale avec la séparation de leurs parents.
Ce n'est pas leur première action de ce genre. Un voisin avait déjà éteint un feu de poussettes dans l'immeuble mercredi. Les deux jeunes frères l'avaient prévenu eux-même du sinistre qu'ils venaient de provoquer, mais, selon son témoignage, ils étaient restés "sans réaction" à proximité pendant qu'il éteignait les flammes avec un autre résident de l'immeuble.
"A cet âge là on est encore dans le domaine du jeu, on ne se rend pas compte, on ne pèse pas la gravité, on agit par impulsion", fait valoir le pédopsychiatre Christian Flavigny, interrogé par BFMTV. "Le feu c'est quelque chose qui donne un pouvoir et qui fascine, donc qui suscite une très grande excitation".
> Quelles sanctions risquent-ils?
Le jeune mis en examen ayant moins de 13 ans, il ne risque pas de peine de prison, la législation française interdisant la détention sous cet âge. "Il aurait eu plus de 13 ans, il risquait d'être condamné à trois ou cinq ans d'emprisonnement", explique Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny, sur BFMTV. "Est-ce que c'est un 'jeu d'enfant' qui a mal tourné? Est-ce que c'était une pratique habituelle qu'avaient ces enfants d'allumer des feux?", interroge-t-il.
Dans un premier temps, jusqu'à sa majorité, il pourrait en revanche écoper de mesures éducatives, assorties d'un suivi personnalisé. Pour Éric Bocciarelli, secrétaire général du syndicat de la magistrature et juge des enfants au TGI de Nancy, interrogé par Europe 1, le placement en foyer ou en famille d'accueil du jeune garçon est tout à fait envisageable. Il s'agit d'"enlever l'enfant de sa famille, donc de son environnement, pendant un certain temps", explique-t-il. "Il y aura un suivi par la protection judiciaire de la jeunesse. Un travail qui va se faire avec ces jeunes, avec la famille", poursuit Eric Bocciarelli. Plus tard, il pourra faire l'objet d'un possible réexamen de sa condamnation.