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Police-Justice

Il avait dénoncé des mauvais traitements: un ex-employé de pompes funèbres jugé en diffamation

Un corps entreposé dans une entreprise de pompes funèbres (image d'illustration)

Un corps entreposé dans une entreprise de pompes funèbres (image d'illustration) - AFP

Alors qu'il avait dénoncé le traitement des cadavres des pompes funèbres dans lesquelles il travaillait, entraînant l'ouverture d'une enquête, Jonathan A. a été mis en examen pour diffamation après une plainte de son ex-employeur. Son procès s'ouvre ce jeudi 10 juillet à Paris.

Un nouveau volet judiciaire s'ouvre pour Jonathan A. En 2021, cet ex-chauffeur de pompes funèbres témoignait dans les colonnes du Parisien des conditions dans lesquelles les cadavres étaient pris en charge au sein de l'entreprise Roc-Eclerc où il travaillait, en région bordelaise. Une enquête avait été ouverte par le parquet de Bordeaux pour "atteinte à l'intégrité d'un cadavre".

Mais si Jonathan A. se retrouve ce jeudi 10 juillet devant la justice, c'est parce que l'entreprise en question a porté plainte contre lui pour "diffamation", à la suite de ses propos.

"Il ne souhaite qu’une chose, que la lumière soit faite pour laver son honneur", commente auprès de BFMTV.com son avocat, Me Ilyacine Maallaoui.

Il disait vouloir "briser l'omerta"

Auprès de nos confrères, l'ex-chauffeur disait vouloir "briser l'omerta du business de la mort". Pendant deux ans, Jonathan A. a été employé dans une entreprise de pompes funèbres du groupe Roc-Eclerc à Mérignac. Deux années pendant lesquelles il dit avoir consigné des témoignages et des preuves mettant en question l'éthique de l'établissement, tant vers les employés que pour les défunts et leurs familles. Corps "échangés" ou "malmenés", cadences de travail effrénées... "On m'a dit de briser les os du défunt" lorsque le cercueil était trop petit, raconte encore Jonathan en 2021.

"Quand une personne était trop corpulente, on s'asseyait sur le couvercle et sur le corps comme une valise trop remplie pendant que l'autre vissait le cercueil", poursuivait-il.

Après avoir compilé de nombreux éléments de cet ordre, l'homme s'est tourné vers la justice. Une enquête a été ouverte au parquet de Bordeaux pour "atteinte à l'intégrité d'un cadavre". "Nous ignorons son état d'avancement", explique aujourd'hui Me Ilyacine Maallaoui.

"Clore ce chapitre judiciaire"

Après la parution de l'article dans Le Parisien, l'entreprise de pompes funèbres visée par le témoignage de Jonathan a porté plainte contre ce dernier pour "diffamation" le 5 juillet 2021, indique l'ordonnance de renvoi devant un tribunal correctionnel, que BFMTV.com a pu consulter.

Sans surprise, entendu par un juge d'instruction dans ce dossier, l'ex-employé a confirmé être l'auteur des propos. Il a été mis en examen en mars 2023.

"Aujourd’hui, mon client aspire à clore ce chapitre judiciaire qui n’a que trop duré. Ces années de procédure ont été très éprouvantes. Nous arrivons au bout du processus", lance encore l'avocat de Jonathan A. Son procès s'est ouvert ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris.

Elisa Fernandez