Homonyme d'un violeur, il est emprisonné deux fois à tort

Palais de justice de Paris. (Illustration) - BFMTV
Son seul tort? S'appeler Mohamed Camara. La sentence? Trois arrestations et deux séjours en prison. Les malheurs de cet homme de 44 ans durent depuis seize ans. Tout commence en juillet 2001, rappelle Le Parisien. L'étudiant en sciences sociales en Belgique se rend alors à Nantes pour s'inscrire en master. Dans le Bruxelles-Paris, des policiers réalisent un contrôle de routine. Malheureusement pour Mohamed Camara, son nom figure sur une liste de délinquants fugitifs. Un homonyme a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour viols sur mineures. Comme lui, il est né en Guinée en janvier 1973.
Malgré ses protestations l'étudiant est incarcéré en Belgique avant d'être extradé vers la France. Il passera presque six mois en prison et gardera de lourdes séquelles psychologiques. Mohamed Camara arrête ses études et fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. Frédéric Berna, son avocat, insiste sur le traumatisme vécu par son client qui vit aujourd'hui de l'allocation adulte handicapé.
La mésaventure se répète en 2012 à Thionville. Mohamed Camara passe vingt-quatre heures en garde à vue. Avec son avocat il décide de demander réparation. En mai 2016, il obtient en dédommagement la somme de 60.000 euros.
Troisième méprise
Malheureusement pour lui, la méprise qui l'a tant handicapé se manifeste une troisième fois, le 22 mars 2017. Ironie du sort, le quadragénaire qui voulait reprendre ses études a été contrôlé dans le train qui devait le mener à Bruxelles. Il est interpellé en vertu du même mandat d'arrêt.
Son frère prévient Me Berna qui multiplie les coups de fils sans résultats. Le ministère qui doit le rappeler "dans l'heure" ne le fait pas. Le détenu arbitraire est transféré de Valenciennes à Paris.
Selon le ministère de la Justice interrogé par L'Est Républicain, des tests ADN ont été pratiqués car Mohamed Camara aurait déclaré "plusieurs fois" être bien l'homme concerné par le mandat d'arrêt. "Il n'aurait jamais dit une chose pareille, c'est invraisemblable et ridicule", s'indigne Me Berna. "Avec un test ADN, l'affaire aurait été réglée en cinq minutes en me passant un coup de fil." Au lieu de cela, l'infortuné Mohamed Camara aura passé à nouveau une quinzaine de jours en prison. Le disculper n'était pourtant pas si difficile s'emporte l'avocat: "Ils (son client et le violeur homonyme, NDLR) ne sont pas nés dans la même ville, ni le même jour et le condamné porte un surnom alors que mon client a un deuxième prénom." Une nouvelle demande en réparation va être formulée.