Grenoble: rejet de la plainte contre un reportage d'"Envoyé Spécial"

Le quartier de la Villeneuve, à Grenoble, en décembre 2012. - -
Le tribunal correctionnel de Grenoble a jugé irrecevable jeudi l'action entreprise par des habitants du quartier sensible de la Villeneuve de Grenoble contre un reportage d'"Envoyé spécial" qu'ils jugeaient diffamatoire. Le tribunal a estimé que l'action engagée par l'association des habitants de la Crique sud était irrecevable "pour défaut de droit à agir". Il a aussi rejeté les demandes de France Télévisions qui voulait que l'association soit condamnée pour procédure abusive.
"Accumulation de clichés"
"C'est sans surprise", a réagi Pauline Damiano, présidente de l'association. "C'est déjà pas mal d'avoir trouvé la brèche pour amener un média devant le tribunal. On voulait montrer qu'on ne pouvait pas diffuser impunément un reportage aussi mauvais", a-t-elle ajouté.
Pauline Damiano a plaidé pour une évolution du droit afin de "faire reconnaître la question de la discrimination territoriale, la légitimité pour un territoire de se défendre". Lors de l'audience du 15 mai, la représentante du parquet avait rappelé que le droit de se constituer partie civile en matière de droit de la presse était très limité. Une association ne peut le faire qu'à condition d'être considérée comme une victime directe et donc d'être citée nommément dans le reportage, ce qui n'était pas le cas en l'espèce.
Les habitants reprochaient à ce reportage "une accumulation de clichés", un manque d'objectivité, une "volonté délibérée de stigmatiser le quartier", selon les termes de l'avocat de l'association Me Thomas Fourrey, à l'audience.
Un reportage "pas équilibré", selon le CSA
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait reproché à France 2 un "manquement" à ses "obligations déontologiques" pour ce reportage "pas suffisamment équilibré".
Cité expérimentale des années 1970, la Villeneuve de Grenoble, théâtre d'émeutes en avril 2010, était dépeinte dans ce documentaire, diffusé le 26 septembre dernier sur France 2, comme un quartier gangrené par la violence. On y voyait notamment un jeune masqué tirer de nuit sur un panneau avec une arme à feu en plein coeur du parc central.
Aucun représentant de France Télévisions n'était présent jeudi à la lecture du délibéré.