Gard: un récidiviste jugé pour avoir violé la fille de sa compagne dans le parloir de sa prison

(Photo d'illustration) - AFP
Jugé depuis mardi pour avoir violé pendant des années la fille de sa compagne, jusqu'à abuser d'elle dans le parloir de la prison où il était écroué pour d'autres viols sur mineures, un ex-pompier volontaire de 52 ans a enfin avoué ce mercredi.
Sur le banc des accusés des assises de Nîmes, sa compagne doit, elle, répondre de complicité de viols et de complicité d'agressions sexuelles. Alors qu'elle venait à peine de le rencontrer, en 2011, cette femme aujourd'hui âgée de 51 ans, psychiquement fragile, l'avait laissé pendant deux ans dormir dans le lit de sa fille, alors seulement âgée de sept ans.
Elle est également accusée d'avoir emmenée sa fille plus d'une centaine de fois à la prison de Nîmes où son compagnon avait été incarcéré en juin 2013, après une condamnation à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir violé plusieurs autres fillettes. C'est là, au parloir, qu'il avait fait subir à sa belle-fille d'autres viols, par pénétrations digitales, ainsi que de nombreuses agressions sexuelles, jusqu'à une dernière visite, en janvier 2016.
"Pédophile, c'est la réalité"
La jeune fille, aujourd'hui majeure, avait porté plainte contre l'ami de sa mère en 2018, après avoir pris conscience que ce qui lui était arrivé pendant des années n'était pas normal. Elle a intégralement réitéré ses accusations devant la cour, ce mercredi, évoquant également les "tartes" que lui donnait sa mère quand elle n'obéissait pas.
Mardi, au premier jour de son procès, l'accusé, qui vivotait comme pompier volontaire, nageur-sauveteur et professeur de boxe, avait pour la première fois reconnu être "coupable". Mais il avait semblé nié les viols, ne reconnaissant que les agressions sexuelles. Interrogé à nouveau mercredi, il a cette fois tout avoué.
"Reconnaissez vous les faits ?", a relancé le président, après le témoignage de la victime. "Oui". "Tous les faits ?", a insisté le magistrat. "Oui", a-t-il répété.
"Pédophile, ce n'est qu'aujourd'hui que j'emploie ce mot. C'est un mot qui me fait souffrir, pourtant c'est la réalité", a-t-il concédé peu après, revenant sur des années de déni: il était "amoureux" de la fillette et "non" de sa mère. Il affirme à son propos qu'elle est "100%" innocente de toute complicité.
La maison d'arrêt pointée du doigt
À l'audience, mercredi, la mère s'est une nouvelle fois défendue, concédant être "naïve" et avoir été amoureuse de cet homme, avec qui elle n'avait pas de relations sexuelles. À la barre, d'une voix à peine audible, elle a répété n'avoir "pas imaginé" qu'il puisse faire du tort à sa fille et n'avoir "pas fait attention" pendant les visites au parloir.
Mais c'est "tout le monde qui en prend pour son grade" dans cette affaire, a insisté l'avocat général, au deuxième jour du procès, en rappelant que c'était bien le parquet général qui avait autorisé ces visites à la maison d'arrêt de Nîmes.
Quant à la surveillance de l'accusé, lors des parloirs, elle semble avoir été plus que minimale. De quoi donner des arguments aux avocats des différentes parties, qui ont dénoncé une "catastrophe pénitentiaire", "un cataclysme".
Verdict attendu jeudi
Mardi, à la barre, des surveillants de la maison d'arrêt ont expliqué avoir signalé à leur direction le comportement inapproprié de l'accusé avec celle qui était présentée comme sa belle-fille. Tant lors de parloirs collectifs que dans les box familiaux où se sont ensuite poursuivies les visites.
Selon le rapport d'enquête, un codétenu avait également alerté la direction, expliquant que l'ex-pompier volontaire recevait sur son téléphone des photos d'une fillette nue.
Interrogée mardi, la directrice de la détention à la prison de Nîmes, aujourd'hui retraitée, a affirmé n'avoir jamais reçu ces signalements, dont les enquêteurs n'ont jamais retrouvé la moindre trace. Après un changement de logiciel intervenu en 2015 au sein de la prison, tous les documents antérieurs à cette date seraient introuvables, a-t-elle assuré.
Le réquisitoire du parquet et le verdict sont attendus jeudi.