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Fontainebleau: pourquoi l'avion d'Air France a-t-il largué des tonnes de kérosène?

Un Boeing 777-300ER d'Air France, le 11 Juin, 2013 à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle. (image d'illustration)

Un Boeing 777-300ER d'Air France, le 11 Juin, 2013 à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle. (image d'illustration) - FRED DUFOUR - AFP

En difficulté après le décollage, le Boeing 777 d'Air France, parti de l'aéroport d'Orly à destination de la Guyane ce dimanche, a délesté des dizaines de tonnes de kérosène au-dessus de Fontainebleau pour tâcher de se poser en toute sécurité.

C'est un cas exceptionnel. Dimanche 25 septembre, un Boeing 777 de la compagnie Air France avec à son bord 289 passagers décolle dans la matinée de l'aéroport d'Orly en direction de Cayenne, en Guyane. Mais l'appareil va vite se trouver en difficultés.

Alors en pleine phase de décollage, une épaisse flamme jaillit du moteur gauche de l'appareil, comme en atteste la vidéo, ci-dessus, filmée par l'un des passagers du vol. Selon un porte-parole d'Air France, interrogé par l'Agence France-Presse (AFP), "le moteur a ingéré de la gomme d'un pneu de l'avion, ce qui a altéré son fonctionnement".

Une procédure d'urgence lancée

Après 200 ou 300 mètres d'altitude, une procédure d'urgence, ce qu'on appelle "une procédure panne réacteur 1", est alors mise en oeuvre par les pilotes. Une décision nécessaire au vu de la situation critique, estime Jean Serrat, notre consultant en aéronautique BFMTV:

"Ils n'allaient tout même pas traverser l'Atlantique dans ces conditions !"

Il explique alors que le commandant de bord "réduit la poussée du réacteur qui a fait une flamme avant de le couper. Un message est ensuite envoyé à la tour de contrôle pour signaler le problème", explique-t-il.

En vue d'un atterrissage, un avion doit s'alléger

La priorité pour les pilotes est ensuite de se poser le plus rapidement possible mais pour ça il leur faut larguer du kérosène pour s'alléger et ainsi éviter tout risque de crash: "Le poids maximum d'atterrissage autorisé est toujours largement inférieur au poids maximum de décollage", indique le spécialiste qui précise que l'appareil qui se trouvait à 2.000 mètres d'altitude a été devant l’obligation de vidanger en urgence plusieurs tonnes de carburant afin de respecter cette limite incontournable. Le lieu du délestage peut être, quant à lui, indiqué par la tour de contrôle.

"Il existe une zone d'urgence privilégiée à l'ouest de Paris entre Fontainebleau et Chartres. Un lieu où le trafic est moins dense."

Des risques environnementaux minimes

Les vannes ouvertes, le kérosène s'élimine alors par deux tuyaux, comme le montrent les images amateures, ci-dessous, du fameux vol Paris-Cayenne.

"Aucune chance qu'il y ait des flaques de kérosène dans la forêt de Fontainebleau", signale le spécialiste. "L'avion est à plus de 400 kilomètres/heure et le carburant a été littéralement vaporisé. Les risques sont minimes pour la nature et la santé". De quoi rassurer le maire de la ville de Fontainebleau, Frédéric Valletoux (LR), qui s'est indigné ce dimanche de cette opération de délestage, jugeant "scandaleux" que cette procédure "soit encore autorisée". 

Quoiqu'il en soit, ce type de problème technique reste rare. "Ça arrive une fois tous les 5 ans, voire tous les 10 ans. Moi, j'ai vidangé une fois en 30 ans et pour certains de mes anciens collègues, jamais". 

Aurore Coulaud