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Fleury-Mérogis: la directrice de la prison alerte sa hiérarchie sur des conditions de détention intenables

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INFO BFMTV - Dans une lettre datée du 20 juin, que BFMTV s’est procurée, la directrice de la prison de Fleury-Mérogis tire la sonnette d’alarme pour dénoncer la surpopulation dans son établissement. Une situation décrite comme intenable.

"J’appelle votre attention sur la situation particulièrement inquiétante des effectifs de la population pénale". Dans un courrier daté du 20 juin, que BFMTV s’est procuré, la directrice de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne) interpelle sa hiérarchie. Une démarche rarissime, par laquelle elle entend dénoncer la surpopulation qui touche l’établissement et crée une situation intenable pour les détenus comme pour les personnels.

Le nombre de détenus atteint actuellement des sommets à Fleury-Mérogis, qui, en un week-end, a écroué 85 personnes, soit 30% de détenus en plus qu’un week-end moyen. Fleury-Mérogis compte 4532 détenus, alors qu’elle est censée en accueillir 3036 normalement. Parmi eux, 109 personnes incarcérées pour des faits de terrorisme, dont Salah Abdeslam, seul survivant des commandos responsables des attaques terroristes du 13 novembre à Paris et Saint-Denis.

Le bâtiment des mineurs comme "variable d'ajustement"

"Les quartiers arrivants sont saturés, écrit la directrice, et il devient très difficile d’affecter les personnes détenues en tenant compte des profils, vulnérables, récidivistes, etc", pointe-t-elle en particulier.

Face à ces chiffres ingérables, l’administration improvise. "Le bâtiment D4 qui accueille les mineurs sert de variable d’ajustement et permet de ‘désencombrer’ les autres bâtiments dont les effectifs dépassent les 900 détenus", peut-on lire dans la lettre.

La directrice de la prison de Fleury-Mérogis alerte sa hiérarchie sur les conditions de détention au sein de l'établissement dans une lettre datée du 20 juin.
La directrice de la prison de Fleury-Mérogis alerte sa hiérarchie sur les conditions de détention au sein de l'établissement dans une lettre datée du 20 juin. © Capture d'écran BFMTV

Matelas au sol

Cette situation se répercute directement sur les conditions de détention, qui ne sont plus les mêmes. "Le 20 juin, nous comptabilisons 10 matelas au sol alors que la plupart des cellules comportent deux lits", écrit la directrice. Depuis ce courrier, la prison compte pas moins de 16 matelas au sol.

Une situation intenable pour le personnel, puisque la violence des conditions de détention, pointées par la directrice, rendent les rapports entre gardiens et détenus plus tendus, comme en témoigne l’un des agents de la maison d’arrêt: "des individus se retrouvent au sol, l’agent qui ouvre la porte va être face immédiatement à une tension", explique-t-il, interrogé sur BFMTV.

La lettre, adressée au préfet de l’Essonne et au directeur interrégional des services pénitentiaires de Paris, n’a pour le moment pas entraîné de changement au sein de l’établissement.

C.V. avec Cécile Danré et Amélie Pateyron