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"Espèce de bâtard": insultes et bruits de coups enregistrés au sein d'un Ehpad de Toulouse accusé de maltraitances

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Plusieurs plaintes ont été déposées contre l'Ehpad de l'Écuyer à Toulouse pour des soupçons de maltraitance. À l'appui, des enregistrements réalisés par la proche d'un résident et transmis à BFMTV, dans lesquels on perçoit insultes et atteintes physiques.

"Il a enlevé la culotte en plus le bâtard". Ces propos sont ceux du personnel soignant de l'Ehpad de l'Écuyer à Toulouse entendus sur des enregistrements réalisés par une proche d'une résidente de l'établissement et transmis à BFMTV.

Cet Ehpad de Haute-Garonne est visé par plusieurs plaintes pour maltraitance. Dont une plainte déposée par Juliette Moore, fille d'un résident, qui a réalisé ces enregistrements à l'insu du personnel et de la direction entre le 27 juillet et le 3 octobre dernier.

"Allez-y, il faut aller sur le lit! Oh, vous attendez quoi! Moi, je ne peux pas vous soulever hein. [...] Sinon vous restez là sur le tapis hein", peut-on entendre.

Dans la suite des extraits, plusieurs claques sont perçues, suivies de cris exprimant la douleur. Des insultes prononcées par le personnel soignant ressortent également des enregistrements.

"Quand tu fais des bêtises, il n'y a pas de bonjour. Qu'est-ce que tu me fais là? Hein?" ou encore "il a enlevé la culotte en plus, le bâtard. Putain espèce de bâtard quoi".

Les conditions de travail des soignants pointées du doigt

Des situations qui ont été un "vrai choc" pour Juliette Moore. Cette dernière a décidé de laisser un appareil d'enregistrement dans la chambre après avoir constaté une dénutrition chez son père et des bleus sur son corps.

"Je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai entendu et découvert. Donc il y a de la colère, il y a beaucoup de douleur", a-t-elle confié au micro de BFTMV.

Outre sa "colère", la proche du résident pointe du doigt les conditions de travail des personnels soignant.

"Les conditions de travail des salariés sont inadmissibles et on ne peut pas demander à quelqu'un d'être bien traitant si on ne lui donne pas les moyens de l'être", souligne-t-elle.

"Des Ehpad qui fonctionnent comme des usines"

Dans les enregistrements, on entend en effet le personnel se plaindre de leurs conditions de travail évoquant par exemple "une brique de lait pour 80 personnes au goûter" ou "5 gants en coton". "Comment tu veux qu'on travaille avec 5 gants en coton?", se questionne une soignante.

"Ah, il faut faire des économies, alors on fait des économies", s'exclame une personne.

"Elles travaillent dans des conditions où il y a un manque de matériel permanent, c'est récurrent, elles sont en sous-effectif permanent aussi. Elles n'ont pas le temps en fait", constate Juliette Moore qui a déposé une première plainte en septembre 2020 pour manque de soin ayant entraîné une dégradation de la santé, classée sans suite.

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Après avoir récupéré ces enregistrements, elle a déposé une deuxième plainte en octobre 2023.

"J'espère que l'on va enfin prendre en compte les réels problèmes qu'on rencontre aujourd'hui par rapport à l'accompagnement de nos personnes âgées", s'alarme-t-elle.

Elle appelle "à redonner un peu d'humanité" et à prendre "une décision politique" pour "arrêter de se retrouver avec des Ehpad qui fonctionnent comme des usines, à flux tendu".

Juliette Brossault