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"Pratiquez-vous des fellations?": le questionnaire controversé sur la sexualité des soignants dans un hôpital lyonnais

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Mis en place par certains soignants, le questionnaire évoque les pratiques sexuelles de ces derniers. Face à la situation, une agent a dénoncé la situation. Cette dernière affime "une mise à l'écart" de la part de ses collègues depuis ce signalement.

"Un environnement de travail toxique". Dans le service de réanimation de l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon, une alerte pour des faits d'"harcèlement sexuel" a été remontée à la direction.

Au début du mois de décembre dernier, un questionnaire sur les pratiques sexuelles, mis en place par certains agents, a circulé dans les couloirs et sur les tableaux des salles de pause.

"Pratiquez-vous des fellations?"

Les questions qui y sont posées, "aimez-vous recevoir un doigt dans l'anus" ou encore "pratiquez-vous des fellations?", ont choqué. Un questionnaire qui est remonté aux oreilles d'une directrice syndicale, qui en a fait part à la direction des Hospices civiles de Lyon (HCL) le 20 décembre dernier.

Dans un courrier à destination de cette dernière, qu'a pu consulter BFM Lyon et BFMTV.com, un membre du service évoque des "blagues à connotation sexuelles pour que certains soufflent".

"Vous mettez le feu à une équipe qui vit quotidiennement dans la souffrance humaine en accompagnant patient et famille. Blagues sur les blondes, les roux…N’en déplaise à certains, c’est l’ambiance quotidienne de ce service qui tient le coup grâce à l’humour", écrit un agent du service de réanimation.

Une soignante dénonce, elle reçoit un sexe en plâtre

Le signalement effectué par Chaïba Khaif-Janssen, secrétaire générale du syndicat FAFPH, fait suite au témoignage d'une agent du service en question. Quelques jours après avoir alerté, la soignante a été prise à partie par ses collègues.

"Il lui aurait été reproché son refus de signer une sculpture en plâtre en forme de pénis déposée par un aide-soignant du service ainsi que son alerte quant au questionnaire précité", indique la direction de l'hôpital dans un mail adressé à la représentante syndicale.

Depuis ce jour, la soignante concernée, qui a été arrêtée pour des raisons de santé, décrit "une mise à l'écart" de la part de son service.

"Je suis très angoissée. Mon devenir est flou et je suis mise à l'écart. Je ne suis pas la bienvenue puisque la plupart des collèges sont contre moi", explique-t-elle sous couvert d'anonymat au micro de BFM Lyon.

Elle décrit le service de réanimation de l'hôpital comme "une cours de récréation ou chacun fait ce qu'il veut". "C'est un environnement de travail toxique, où il n'y a pas de respect ni de limite", ajoute-t-elle.

Une enquête administrative dans le service

Alertée une nouvelle fois par cette situation, le 23 décembre, la direction indique que la soignante a "transmis une déclaration d’accident de service dont l’instruction par la DRH induit de mener une enquête administrative".

À la demande de la hiérarchie, le responsable de garde s'est rendu dans le service pour rencontrer les équipes et constater le climat qui y règne. Des formulaires de "protection fonctionnelle ont été adressés à la professionnelle en question, qui a été informée de l’instruction en cours de sa demande par la Direction des affaires juridiques", ajoute la direction dans son mail à l'intention de Chaïba Khaif-Janssen.

Au micro de BFM Lyon, cette dernière regrette un "refus de dialogue social" et d'une "réunion en urgence".

"Les affiches pour lutter contre le harcèlement sexuel et les violences sexistes ont été enlevées depuis un an, par des agents, qui seraient les mêmes auteurs de ce type d'enquête", déclare Chaïba Khaif-Janssen.

Selon la secrétaire syndicale, "un petit groupe d'agent fait ce qu'il veut" dans le service de réanimation, mais "rien n'est fait" pour empêcher cela.

Face à la situation, la direction des Hospices civiles de Lyon affirme être "pleinement engagée dans la lutte contre les violences au sens large et contre les violences sexuelles et sexistes au travail en particulier".

Louis Leger, Jordan Muzyczka avec Martin Regley