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Police-Justice

En France, 90.000 condamnés toujours pas en prison

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Le député UMP Eric Ciotti, qui a remis 50 propositions pour améliorer l'exécution des peines, parle d'une proportion intolérable de condamnés toujours en attente d'incarcération. Principale cause: le manque de place en prison. Mais les mesures préconisées sont très critiquées.

Il y avait en France, fin mars, entre 80.000 et 89.000 peines en attente d'exécution. Un léger progrès, puisque le nombre s'élevait à 100.000 fin 2010. Mais la situation reste inacceptable, pour Eric Ciotti. Le député souligne notamment que l'hexagone ne possède en moyenne que 83,5 places de prison pour 100.000 habitants. Le taux moyen en Europe est de... 143,8 places. Une situation qui engendre, de plus, une surpopulation carcérale importante. Il y a actuellement 65.000 personnes en prison, pour 56.000 places. L'auteur du rapport propose donc une série de cinquante mesures.

Les principales mesures du rapport Ciotti

Parmi elles:
- Créer 25.000 places de prison supplémentaires d'ici 2018 (pour atteindre un total de 80.000)
- Abandonner les aménagements systématiques de peines (prévus par la loi de 2009) et rendre les aménagements plus difficiles à obtenir
- Supprimer les crédits automatiques de réduction de peine
- Développer les travaux d'intérêt général (objectif: 30.000 en 2012, contre 21.500 actuellement)
- Eriger le parquet en patron de l'exécution des peines (en lieu et place des magistrats du siège).

« Des propositions totalement délirantes »

Des propositions vivement critiquées par certains. Ainsi, le secrétaire général du Syndicat de la magistrature, Mathieu Bonduelle, estime que « sur le plan de la lutte contre la récidive, ça sera totalement contre-productif. En supprimant les réductions de peine pour bonne conduite et en décourageant les aménagements de peine, on va envoyer encore plus de monde en prison. Et il y aura encore plus de gens qui retourneront dans la société un peu plus désocialisés, et donc un peu plus exposés à un risque de récidive ». François Bes, responsable de l'Observatoire international des prisons (OIP), parle lui de mesures « délirantes », qui nécessiteraient « 100.000 ou 150.000 créations de places pour être réalistes ».

La Rédaction et A. Manoli