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Police-Justice

Elle avait mimé l'avortement de Marie à la Madeleine: une ex-Femen jugée

L'ex-militante des Femen, Eloïse Bouton, va être fixée sur son sort ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris.

L'ex-militante des Femen, Eloïse Bouton, va être fixée sur son sort ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris. - Kenzo Tribouillard - AFP

Eloïse Bouton, alors membre des Femen, s'était introduite seins nus dans l'église de la Madeleine à Paris, avant de mimer l'avortement de Marie, mère de Jésus, à l'aide de morceaux de foie de veau. Poursuivie pour exhibition sexuelle, de la prison ferme et 1.500 euros d'amende ont été requis contre elle.

Un geste politique, ou une exhibition sexuelle? Eloïse Bouton, une ancienne Femen française, va être fixée sur son sort ce mercredi par le tribunal correctionnel de Paris. Elle est poursuivie après une action des plus controversées réalisée dans l'église de la Madeleine à Paris, peu avant Noël l'an passé, durant laquelle elle avait mimé l'avortement de Marie, la mère de Jésus. A l'audience le 15 octobre, le parquet avait requis trois à quatre mois de prison contre l'accusée et 1.500 euros d'amende.

Rappel des faits. Le 20 décembre 2013 au matin, la jeune femme s'était dirigée, torse nu, vers l'autel de l'église face à une dizaine de personnes présentes alors qu'une chorale répétait dans l'édifice.

Des morceaux de foie pour mimer un avortement

Elle portait sur le dos l'inscription "Christmas is cancelled" (Noël est annulé) et sur le ventre "344e salope", en référence au manifeste de 343 femmes appelant à la dépénalisation de l'avortement et à la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse en 1971.

Elle avait ensuite déposé des morceaux de foie de veau censés représenter l'avortement de l'enfant Jésus. Cette action visait à dénoncer les prises de position de l'Eglise dans le débat sur le droit à l'avortement, alors que des restrictions étaient envisagées en Espagne.

Elle voulait "provoquer une prise de conscience"

Face au tribunal, Eloïse Bouton, 31 ans, avait affirmé que "le but n'était pas de choquer les fidèles et les croyants", mais de "choquer à un niveau politique, provoquer une prise de conscience". La "nudité politique" qu'elle a invoquée "n'est pas érotique". Elle a utilisé son corps "comme une pancarte, un étendard et pas pour séduire".

La jeune femme fait partie des neuf militantes qui, poursuivies pour des dégradations à Notre-Dame, avaient été relaxées. Pour ces faits dans la cathédrale, le délit d'exhibition sexuelle n'avait pas été retenu dans les poursuites. Il l'avait été en revanche contre une militante ukrainienne des Femen qui avait attaqué la statue de cire du président russe Vladimir Poutine au musée Grévin. Elle a été condamnée par une autre chambre du tribunal à 1.500 euros d'amende, le matin même de la comparution d'Eloïse Bouton pour son action à la Madeleine.

Les Femen s'adressent à Christiane Taubira

Les Femen ont demandé mardi, au nom de l'égalité femme-homme, "un éclaircissement et une précision de la définition légale de l'exhibition sexuelle", dans une lettre adressée à la ministre de la Justice, Christiane Taubira.

"La France est le premier et unique pays dans le monde qui condamne des activistes Femen pour exhibitionnisme", dénonce le collectif féministe, qui suggère une modification de l'article du code pénal prohibant l'exhibition sexuelle afin qu'il n'interdise que l'exhibition des parties génitales, estimant que "la charge sexuelle d'un buste de femme" n'est pas supérieure à celle d'un buste d'homme.

Les Femen, à l'origine un groupe de féministes radicales ukrainiennes qui a installé une antenne à Paris, sont connues depuis 2010 pour leurs actions controversées seins nus destinées à dénoncer le sexisme, l'homophobie, la prostitution et la religion.
Jé. M. avec AFP