Drôme: il dénonce une "politique de chasse aux musulmans du gouvernement", le préfet porte plainte

Post Facebook d'Hakim Madi, le 14 octobre 2019. - Capture Facebook
Le préfet de la Drôme a déposé plainte vendredi contre un militant associatif qui avait interpellé la députée LaREM du département, Mireille Clapot, sur "la politique de chasse aux musulmans du gouvernement", rapporte Le Dauphiné Libéré.
Contacté par BFMTV.com, le mis en cause, Hakim Madi assure qu'il n'a eu "aucun manque de respect" dans ses propos, qu'ils lient aux récentes prises de parole de l'exécutif sur la radicalisation, comme l'appel d'Emmanuel Macron à une "société de vigilance" face à "l'hydre islamiste".
"Choisissez le bon camp de l'histoire"
Lundi dernier, Hakim Madi, qui se présente comme un "simple citoyen participant à des mouvements d'action citoyenne pour redonner la parole aux habitants des quartiers populaires" partage une publication Facebook de la députée de sa circonscription, à laquelle il ajoute le commentaire suivant:
"Agenda de Mireille Clapot (députée LREM) cette semaine. Sur son mur je ne vois aucune dénonciation de la politique de chasse aux musulmans du gouvernement. Vous pouvez la rencontrer ce jeudi 17 octobre après-midi à sa permanence de Valence. Peut-être sera-t-elle sensible aux habitants de sa circonscription ?"
Le consultant en informatique insiste avec un second message dans lequel il l'apostrophe:
"Votre France suit les pas de celle de Vichy. (...) Madame Clapot, (...) ne soyez pas passive, choisissez le bon camp de l'histoire de France, car voyez-vous, notre pays est en train de filer tout droit vers l'abîme, vers l'innommable, vers l'apartheid !"
L'élue de la majorité lui répond en assurant "respecter toute personne, croyante ou non, pourvu qu'elle se conforme aux lois françaises." Un échange se poursuit par commentaires interposés, où il est question de radicalisation. Hakim Madi dénonce entre autres des propos tenus par Christophe Castaner sur les signaux faibles qui, selon lui, "font l'amalgame avec la pratique courante de l'islam".
Éviter "tout excès langagier"
Mireille Clapot l'enjoint à éviter "tout excès langagier", se remémorant "la modération" qu'avait été celle d'Hakim Madi, lorsqu'il fut candidat, dans la même circonscription qu'elle, aux élections législatives de 2017. Lui maintient que la discussion a été "cordiale" et qu'il ne lui a jamais "manquée de respect".
Quatre jours plus tard, le préfet de la Drôme Hugues Moutouh annonce dans un communiqué avoir déposé plainte pour "diffamation publique contre une personne dépositaire de l'autorité publique". Il s'en justifie auprès du Dauphiné Libéré: "Je suis là pour garantir la bonne application des lois et la protection de libertés", déclare-t-il.
"Hakim contre Goliath"
Le Valentinois assure tomber des nues. Des soutiens ont lancé une pétition avec le hashtag #Nonàlachasseauxmusulmans:
"Soutenons massivement Hakim Madi. Protégeons la liberté d’exprimer toute critique politique, Garantissons la fraternité entre français de toutes confessions", est-il rédigé en préambule.
À l'heure actuelle, près de 700 personnes l'ont signé. "Dans cette affaire, c'est Hakim contre Goliath, nous n'avons eu d'autre choix que d'aller sur le terrain médiatique", nous explique-t-il. Le ministère public n'a pas encore annoncé quelles suites judiciaires il donnerait à la plainte.