Doubs: deux adolescents sont morts dans un accident de car scolaire
L'ESSENTIEL
- Deux collégiens ont été tués et six autres blessés, ainsi que le chauffeur.
- Le car n'était pas en excès de vitesse, mais la question d'une vitesse excessive se pose eu égard aux conditions météorologiques.
- Les tests d'alcoolémie et stupéfiants se sont révélés négatifs.
Deux adolescents de 12 ans et 15 ans sont morts mercredi dans un accident de car scolaire survenu à 7h39 sur une route enneigée à hauteur de Montflovin, dans le Doubs. Il y avait 33 personnes à bord de ce car parti de Montbenoît pour rejoindre le collège Lucie Aubrac Pontarlier. Pour une raison encore inconnue, le véhicule a quitté la chaussée, recouverte de deux centimètres de neige et s'est couché sur le flanc gauche. Le véhicule aurait glissé sur quelques dizaines de mètres avant de se renverser, selon les premiers éléments de l'enquête.
La procureure de Besançon, Edwige Roux-Morizot a précisé le bilan de l'accident: deux adolescents tués (un garçon de 12 ans et une fille de 15 ans) et 7 blessés transportés à Pontarlier (3 hospitalisés après l'accident -dont le chauffeur- et 4 autres pris en charge par la suite pour des malaises).
"Il y a probablement des circonstances atmosphériques, peut-être une question de vitesse, mais cela l'enquête le dira", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, qui s'est rendu sur place. Deux enquêtes, l'une menée par le parquet de Besançon et l'autre par le Bureau enquêtes analyse du transport terrestre (BEATT), ont été ouvertes pour "tirer des conséquences et des explications", a-t-il ajouté.
Le chauffeur en garde à vue
Le chauffeur, conduit à l'hôpital après l'accident a été, comme le veut la procédure, placé en fin de matinée en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour "homicide et blessures involontaires". Les tests d'alcool et de stupéfiants, effectués sur le chauffeur de 25 ans, se sont révélés négatifs.
L'homme, qui avait obtenu son permis chauffeur en 2015 et travaillait dans la société de transports depuis décembre dernier, était "en état de choc", a-t-on appris auprès du conseil départemental du Doubs. Le car scolaire a effectué une sortie de route sur la départementale 437.
L'autocar avait fait l'objet de vérifications techniques en décembre 2015 et en janvier 2016, a déclaré Alain Vidalies.
Un journaliste de France 3 a tweeté une photographie de l'accident.
Plan rouge et numéro vert
Les secours, une vingtaine de véhicules et une cinquantaine de pompiers étaient sur place mercredi matin. Le plan Novi (pour nombreuses victimes) a été déclenché.
Un numéro vert a aussi été mis en place par la préfecture du Doubs: 0 805 090 125.
Selon des enfants présents à bord de l'autocar, des vitres du véhicule ont explosé au moment du choc et le pare-brise avant n'a pas résisté. Une opération de relevage de l'autocar, de couleur jaune, couché dans la neige sur le flanc avec le toit en partie enfoncé, a eu lieu en fin de matinée.
Vitesse et ceintures de sécurité: deux questions en suspens
Selon Christine Goulard-de-Curraize, vice-procureure du parquet de Besançon, de premiers témoignages font état d'une possible vitesse excessive, compte tenu des conditions météorologiques (chutes de neige, rafales de vent et chaussée glissante).
Gilles Guérin, commandant de la sécurité routière du Doubs et directeur d'enquête a précisé que "le véhicule n'était pas, au vu de la loi, en excès de vitesse". "On a saisi tous les éléments techniques de l'appareil pour savoir à quelle vitesse il circulait exactement", ajoute-t-il. Le chronotachygraphe du car a été confié à la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) de Franche-Comté, pour être exploité. Détail qui a son importance, "ce n'est pas parce que le véhicule est totalement disloqué qu'il roulait à une vitesse excessive", précise encore le commandant.
"Les premiers examens ont permis d'établir que le chauffeur roulait à une vitesse de plus de 70 km/h, sur une portion de route limitée à 90 km/h dans des conditions normales", a abondé la procureure de Besançon, Edwige Roux-Morizot. "La vitesse n'est pas excessive en soi dans des conditions normales, mais toute la question est d'établir si la vitesse était excessive compte tenu de la météo", a-t-elle souligné, ajoutant que le car avait glissé à la sortie d'un virage, heurté un talus avant de basculer sur le côté.
L'autre interrogation concerne les ceintures de sécurité. Le port de la ceinture de sécurité par les enfants est "une des questions qui se posent aujourd'hui", a relevé le secrétaire d'Etat aux Transports. "Naturellement, le car était équipé (en ceintures). Est-ce que les enfants étaient attachés ou pas ? On ne sait pas. Donc, il va falloir entendre probablement les enfants", a-t-il ajouté.
Les enfants non blessés pris en charge dans une salle des fêtes
Des psychologues apportent une aide aux enfants qui ont été évacués vers "une salle des fêtes", a indiqué Emmanuel Yborra, sous-préfet du Doubs. Il a assuré que la circulation du car s'effectuait selon des "conditions habituelles dans le Doubs en hiver".
Annie Genevard, maire de Morteau et députée du Doubs, a également expliqué: "La neige, c'est notre quotidien". "Je ne veux pas mettre en cause qui que ce soit", a continué l'élue jointe par BFMTV. "Je sais que généralement, tout le monde fait ce qu'il a à faire", en cas de fort enneigement.
Vive émotion au sommet de l'Etat
Par un communiqué, Bernard Cazeneuve a fait part de "sa vive émotion". Le communiqué du ministère précise que "dans le cadre du plan ORSEC, les secours sont immédiatement intervenus pour prendre en charge les victimes" et qu'une "cellule d’urgence médico-psychologique a été mise en place".
De son côté, le Premier ministre Manuel Valls a twetté son "immense tristesse après le décès de deux collégiens" et témoigné de son "soutien aux familles".
Par un communiqué, le Président de la République "adresse aux proches des victimes (ses) sincères condoléances et les assure de la solidarité de la nation". "Toute la lumière sera faite sur les circonstances de ce drame", est-il ajouté.
>> Ci-dessous la carte du trajet que devait emprunter le car
Le plus grave accident d'autocar en France reste celui de Beaune (Côte-d'Or) qui avait fait 53 morts, dont 44 enfants, le 1er août 1982. Le 2 juin 2008, sept enfants avaient été tués à Allinges (Haute-Savoie) dans la collision entre un TER et un car scolaire à un passage à niveau. En octobre dernier, une collision, près de Libourne (Gironde), avait 43 morts