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Police-Justice

"Disparues de l'A6": le meurtrier présumé de Christelle Blétry jugé en appel

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Le corps de la jeune femme avait été retrouvé lardé de plus de cent coups de couteau sur le bord d'une route. En première instance, Pascal Jardin a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

"Les disparues de l'A6", c'est sous ce terme générique que le grand public connaît la série de meurtres qui a endeuillé le département de Saône-et-Loire de 1985 à 2005. Deux décennies rythmées par quatorze meurtres sauvages de jeunes femmes dans un "triangle de la peur" reliant Mâcon, Chalon-sur-Saône et Montceau-les-Mines. Des assassinats qui n'ont, pour certains, toujours pas été résolus. Christelle Blétry, lycéenne de 20 ans violée puis tuée en 1996 à Blanzy de 123 coups de couteau, est devenue le visage de ces jeunes martyres. Le procès en appel de Pascal Jardin, son meurtrier présumé, s'ouvre ce jeudi aux assises de la Côte-d'Or.

Condamné en 2017 en première instance à la perpétuité, cet ouvrier agricole n'a été identifié qu'en 2014, après 18 ans d'enquête, à la faveur des progrès effectués en matière d'identification génétique. Des traces de sperme découvertes sur les vêtements de Christelle Blétry ont pu être attribuées à ce père de famille de 60 ans, inscrit au Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG) après une tentative d'agression sexuelle en 2004. 

Au-dessus de tout soupçon

S'il avait depuis déménagé dans les Landes, Pascal Jardin vivait bien à Blanzy à l'époque des faits. Marié et père de deux enfants, l'homme était "insoupçonnable", à en croire le procureur de Chalon au moment de son interpellation. Comme il n'avait aucun lien avec la victime, il n'avait d'ailleurs même pas été interrogé par les enquêteurs.

En garde à vue, Pascal Jardin a d'abord avoué le meurtre, décrivant un coup de folie face à une jeune femme qui refusait ses avances. "Son hystérie, ses cris, sa grosse panique m’ont fait changer de projet. Elle n’arrivait plus à courir, je l’ai rattrapée, j’ai sorti mon couteau. J’ai disjoncté moi aussi", racontait-il alors, selon des extraits de sa garde à vue lus lors de son premier procès.

Mais, peu après, coup de théâtre, Pascal Jardin revenait sur ses aveux, confessant seulement une relation sexuelle consentie avec celle qu'il avait prise pour une prostituée. Depuis, le suspect n'a eu de cesse de se dire innocent, allant jusqu'à prétendre qu'il avait voulu "venir en aide" à la jeune fille cette nuit-là. Sans convaincre qui que ce soit.

Le combat de la famille

Le corps de Christelle Blétry a été retrouvé le 28 décembre 1996, au bord d'une route de campagne, par un facteur qui passait là. Malgré l'enquête policière sérieuse et des dizaines d'auditions, très vite, les policiers se sont heurtés à un mur. L'hypothèse d'un tueur en série a un temps été envisagée et les noms de Francis Heaulme ou Michel Fourniret évoqués, avant d'être mis hors de cause. 

Les parents de la jeune femme ont alors remué ciel et terre, donnant le nom de leur fille à une association réclamant justice pour les "disparues de l'A6" et demandant de nouvelles analyses de scellés. L'association "Christelle", épaulée par Corinne Herrmann et Didier Seban, duo d'avocats spécialisés dans la résolution de "cold cases", a notamment permis la réouverture du dossier de Christelle Maillery, une collégienne tuée en 1986 au Creusot. Son meurtrier, Jean-Pierre Mura, a été condamné en appel en 2016 à 20 ans de réclusion. 

Le verdict dans l'affaire Christelle Blétry devrait être rendu le 4 octobre. Interrogée par le Journal de Saône-et-Loire, la mère de Christelle, Marie-Rose Blétry dit "attendre des aveux précis". 

Claire Rodineau