Des "frais d'incarcération" pour les détenus? Éric Dupond-Moretti qualifie "d'hérésie" l'idée de Gérald Darmanin

Gérald Darmanin avec Éric Dupond-Moretti et Élisabeth Borne à l'Assemblée nationale le 7 décembre 2023 - Miguel MEDINA / AFP
"On ne va pas faire payer à des détenus l'indignité". L'idée de Gérald Darmanin de rétablir des "frais d'incarcération" pour les détenus ne convainc pas son prédécesseur, Éric Dupond-Moretti.
"Aujourd'hui, le fonctionnement de nos prisons coûte 10 millions d'euros par jour (...), chacun doit y participer. Les détenus doivent contribuer aux frais d'incarcération", a justifié Gérald Darmanin ce lundi 28 avril.
"Une hérésie"
"Envisager une telle mesure avant d'avoir totalement réglé la question du parc pénitentiaire, ça me paraît une hérésie", a réagi ce mardi chez nos confrères de RTL l'ancien ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti qui dénonce "une course démagogique".
"D'abord, allons au bout de la promesse présidentielle, parce qu'on ne peut pas en un claquement de doigts construire 15.000 places nouvelles", poursuit l'ancien ministre de la Justice.
Ce dernier met en rapport cette volonté avec les conditions de détention en France où règne la surpopulation carcérale.
"Qu'est-ce qu'on va faire payer à certains détenus? Les rats qui courent dans les coursives? Dans les cellules? Les matelas qui sont au sol? À quel prix?", interroge Éric Dupont-Moretti. "Et puis enfin, cet argent-là, c'est de l'argent qui ne serait pas versé aux victimes", argumente-t-il encore.
De son côté, Gérald Darmanin avance un coût quotidien de 10 millions d'euros par jour pour "le fonctionnement de nos prisons", estimant que "chacun doit y participer". Mais le ministre de la Justice a précisé que les modalités de ce projet doivent encore être "discutées".
Éric Dupond-Moretti n'est pas le seul à s'être opposé à l'idée de Gérald Darmanin. L'ex-procureur général près la Cour de Cassation et ex-procureur de la République de Paris François Molins et pas encore officiellement condamnées.d
Éric Dupont-Moretti n'est pas le seul à s'être opposé à l'idée de Gérald Darmanin. L'ex-procureur général près la Cour de Cassation et ex-procureur de la République de Paris François Molins juge ce mardi sur BFMTV que "ce n'est pas le problème prioritaire" et se dit "un peu" affligé par cette proposition du ministre de la Justice.