Paris: des échauffourées à la fin de la manifestation contre le texte "sécurité globale"
De violents incidents ont éclaté ce mardi soir à Paris entre plusieurs centaines de personnes et les forces de l'ordre à la fin d'un rassemblement près de l'Assemblée nationale pour dénoncer la proposition de loi "sécurité globale", a appris BFMTV de source policière. Plusieurs personnes ont été interpellées.
Les policiers, dont certains affirment avoir été pris à partie, ont fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser ces manifestants, parmi lesquels figuraient de nombreux jeunes qui ont détruit du mobilier urbain, a-t-elle précisé. Les constations sont en cours.
Vers 21h-21h30 les derniers manifestants avaient quitté les abords de l'Assemblée nationale et le calme était revenu.
Ce cortège de manifestants agrégeant des "gilets jaunes", des militants d'organisation de gauche, des lycéens et des étudiants est resté bloqué par les forces de l'ordre environ deux heures sur le boulevard Saint-Germain où la tension est montée avec les forces de l'ordre.
"Pris en étau"
"Ça a commencé à péter boulevard Saint-Germain avec un départ de manif sauvage", a témoigné à l'AFP un manifestant, Philippe Bellet, 47 ans. "On a été pris en étau entre flammes et lacrymos, ils ont chargé en ligne. On a réussi à partir en levant les mains en l'air".
Les manifestants - quelques centaines de personnes - étaient rassemblés ce mardi après-midi à l'appel notamment de syndicats de journalistes et associations de défense des droits de l'Homme pour protester contre la proposition de loi "sécurité globale", qui empêcherait selon eux les journalistes et citoyens de filmer les forces de l'ordre durant les manifestations.
Le rassemblement, organisé près de l'Assemblée nationale, vise l'article 24 de cette proposition de loi portée par LaREM et son allié Agir, dont l'examen démarre ce jour.
Cet article controversé prévoit de pénaliser d'un an de prison et 45.000 euros d'amende la diffusion de "l'image du visage ou tout autre élément d'identification" d'un policier ou d'un gendarme en intervention, lorsque celle-ci a pour but de porter "atteinte à son intégrité physique ou psychique".
Or, les syndicats de journalistes qui ont appelé à ce rassemblement au côté de la Ligue des droits de l'homme, d'Amnesty International et d'autres organisations comme Reporters sans frontières, estiment qu'elle revient de fait à interdire aux journalistes et aux citoyens de filmer les policiers en action, et empêcherait, par exemple, de documenter les violences policières.
"L'image est là pour établir la vérité"
Une interprétation du texte rejetée avec vigueur par le gouvernement et les corapporteurs du texte, pour qui il s'agit seulement de "protéger ceux qui nous protègent".
"Demain on ne pourra plus faire de directs, alors que l'image est là pour établir la vérité", a dénoncé Emmanuel Poupard, du Syndicat national des journalistes (SNJ).
Pour Emmanuel Vire du SNJ-CGT, "ce n'est pas seulement un problème pour les jounalistes", et "c'est tout le droit des citoyens à manifester et à s'exprimer" qui est menacé par ce genre de mesures.
"Cette proposition de loi est inutile et dangereuse" et "l'article 24 remet en cause le droit d'informer et d'être informé", a abondé Hakima Bounemoura, de la CFDT journalistes.
"Cette loi n'a pas d'utilité parce dans le droit pénal français, il y a déjà plusieurs dispositions pour protéger les policiers et sanctionner" ceux qui voudraient leur nuire, a assuré Arié Halimi, de la Ligue des droits de l'Homme, assurant qu'une telle loi concernait, au delà des journalistes "tous ceux qui ont été victimes des violences policières".
Des gilets jaunes se sont également invités à ce rassemblement pour marquer leur opposition à cette loi, alors que ce mardi marque le deuxième anniversaire de leur mouvement.