"De victime, elle était devenue coupable": un mois après le suicide de Caroline Grandjean, la veuve de la directrice d'école incrimine l'Éducation nationale

L'école de Moussages, le 4 septembre 2025, dans le Cantal, où Caroline Grandjean était directrice. - Céline CASTELLA
Christine Grandjean-Paccoud, veuve de Caroline Grandjean, directrice d'une école primaire dans le Cantal qui avait mis fin à ses jours en septembre après avoir été victime d'un harcèlement homophobe, a déploré, un mois après les faits, "le manque de soutien" de sa hiérarchie et de l'Éducation nationale, sur RTL.
"Je pense que l'homophobie a servi comme une arme pour la blesser. Elle ne s'est pas sentie soutenue ni comprise", a souligné Christine Grandjean-Paccoud.
Directrice d'une école à classe unique à Moussages, à une dizaine de kilomètres d'Anglards-de-Salers, Caroline Grandjean, 42 ans, avait été retrouvée morte début septembre, le jour de la rentrée scolaire, à Anglards-de-Salers (Cantal) près de son domicile.
Des mois de harcèlement homophobe
La directrice d'école a mis fin à ses jours après des mois de harcèlement homophobe. Au cours de l'année 2023-2024, elle avait découvert un tag homophobe "sale gouine" et reçu une lettre anonyme avec des menaces de mort concernant son orientation sexuelle. Elle avait déposé plainte, informant les parents d'élèves de la situation.
Sa compagne rapporte que sa hiérarchie lui a alors dit que "ce n'était pas contre [elle] mais contre [son] poste de directrice", un argument que sa veuve réfute.
"À la rentrée 2024, elle voulait retourner dans son école et on le lui refusait, alors qu'elle n'avait rien fait. Elle était victime, elle avait travaillé avec des enfants et elle n'avait pas envie de laisser sa classe. Caroline n'aimait pas l'injustice, elle trouvait ça tellement injuste que ce soit elle qui soit obligée de partir plutôt que d'essayer de retrouver le coupable", assure Christine Grandjean-Paccoud.
Ajoutant: "Elle a perdu goût à beaucoup de choses. Tout est parti, elle n'avait que ça en tête: l'injustice et le manque de soutien des uns et des autres."
Plusieurs plaintes déposées
Après le dépôt de plusieurs plaintes, la directrice avait fini par quitter son poste, dénonçant l'indifférence de l'Éducation nationale et la violence, à son encontre, de l'institution qui voulait la changer d'établissement contre son gré.
"C'était beaucoup trop dur, elle avait peur du regard des gens et de ne pas y arriver" décrit Christine Grandjean-Paccoud à propos de cette nouvelle rentrée scolaire délocalisée.
"Non, non", répète-t-elle, affirmant que Caroline Grandjean ne comptait pas y aller et souhaitait retourner dans son école en 2026. "De victime, elle était devenue coupable de quelque chose par sa hiérarchie."
Après la mort de Caroline Grandjean, sa veuve a envisagé de porter plainte contre l'Éducation nationale, avant de reporter sa décision pour se donner un temps de "repos". Le ministère de l'Éducation nationale a diligenté une enquête administrative sur la mort de la directrice d'école.