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Police-Justice

Covid-19: Belloubet s'oppose à une libération "générale" des détenus non jugés

La Garde des Sceaux Nicole Belloubet à l'Assemblée nationale le 25 septembre 2019

La Garde des Sceaux Nicole Belloubet à l'Assemblée nationale le 25 septembre 2019 - Philippe LOPEZ / AFP

Presque 30% des personnes en détention n'ont pas encore été jugées. La ministre refuse une "libération générale" de ces détenus, estimant qu'il peut y avoir un "risque de passage à l'acte à nouveau", de "pression sur les victimes" ou de "destruction de preuves".

La garde des Sceaux Nicole Belloubet s'est dite jeudi "opposée" à une mesure "générale" de libération des détenus pas encore jugés pour désengorger les prisons en cas de propagation du coronavirus, alors que ces prévenus représentent le tiers des prisonniers en France. 

"Nous procédons, pour des raisons sanitaires, à des libérations anticipées" de personnes condamnées en fin de peine, a rappelé la ministre de la Justice sur France Inter.
"En revanche, je suis opposée à une mesure générale qui viserait à libérer toutes les personnes qui sont en détention provisoire", a-t-elle affirmé. 

Près de 30% des détenus en attente de jugement

Les prisons françaises, qui souffrent de surpopulation chronique, comptaient au 1er janvier 70.651 détenus pour 61.080 places opérationnelles. Parmi eux, plus de 21.000 (29,8%) sont des prévenus, incarcérés dans l'attente de leur jugement. 

"La détention provisoire est faite pour des personnes qui sont dangereuses au sens où il y a soit un risque de passage à l'acte à nouveau, soit un risque de pression sur les victimes, soit un risque de destruction de preuves", a relevé Nicole Belloubet. 

"Ce principe là, il me semble difficile de le généraliser", a-t-elle déclaré. La ministre a indiqué avoir toutefois "demandé aux procureurs de la République de ne proposer la détention provisoire que pour des détenus qui sont très dangereux", pendant l'état d'urgence sanitaire.

Par ailleurs, "du fait d'une activité juridictionnelle réduite, il y a beaucoup moins d'entrées en détention. Depuis le début du confinement, il y a déjà 1.600 détenus en moins par rapport au chiffre précédent", a-t-elle souligné, sans préciser ce chiffre. 

"Entre 5.000 et 6.000" libérations anticipées

La ministre de la Justice a présenté mercredi en conseil des ministres quatre ordonnances, dont l'une permet de simplifier la libération de détenus arrivant à la fin de leur peine de prison. "Entre 5.000 et 6.000" prisonniers pourraient ainsi bénéficier d'une libération anticipée. 

Nicole Belloubet a assuré être "attentive à prendre toutes les mesures" pour éviter une propagation de l'épidémie dans le huis clos de la détention ajoutant que "10 détenus ont été testés positifs au Covid-19 et 450 environ" présentant des symptômes sont actuellement "confinés dans des ailes aménagées à cet effet".

Du côté du personnel, il y a 24 cas avérés selon l'administration pénitentiaire et 595 agents "en quatorzaine". Un premier surveillant, ayant les symptômes du coronavirus, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi

E.P avec AFP