Contrôles au faciès: "Les pratiques discriminatoires restent flagrantes"

Des policiers procédant à un contrôle dans une station de métro parisienne (Photo d'illustration) - -
Pour 60% des Français, le gouvernement n'a pas pris de mesures concrètes contre les contrôles d'identité abusifs qui, selon un sondage publié vendredi, visent plus les descendants d'étrangers que le reste de la population.
Près de deux tiers des Français jugent que "les gendarmes et les policiers se livrent à des contrôles au faciès" et 67% estiment "nécessaire" de prendre des mesures contre ces pratiques, selon cette étude OpinionWay pour Human Rights Watch (HRW), Graines de France et Open Society Justice Initiative.
Mais 60% des sondés pensent que le gouvernement actuel n'a pas pris de mesures concrètes, et même parmi les 40% plus positifs, 57% jugent que les mesures prises sont insuffisantes. Lors de sa campagne présidentielle, François Hollande avait annoncé qu'il lutterait contre le "délit de faciès" lors des contrôles, qui complique les relations entre la police et la population, notamment dans les quartiers sensibles.
Plus de contrôle sur les gens d'origine étrangère
Un temps évoquée, la remise d'un récépissé a été abandonnée, mais le matricule a fait son retour sur les uniformes et le code de déontologie de la police a été remanié. Les citoyens peuvent aussi désormais saisir directement par internet la "police des polices". Malgré tout, des écarts subsistent selon les origines, d'après cette étude.
Si 9,7% des Français sans ascendance étrangère ont été contrôlés au cours des douze derniers mois, en moyenne 1,85 fois, la proportion monte à 17,4% parmi les personnes ayant des ascendants originaires d'Afrique du Nord, avec une moyenne de 8,18 contrôles sur l'année.
De plus, les personnes d'ascendance maghrébine ont, selon leurs réponses, davantage été soumises à des palpations (36% contre 7% des contrôlés n'ayant pas d'origine étrangère); à des fouilles (33% contre 7%), à la force physique (12% contre 3%) et au tutoiement (17% contre 2%).
Un écart de 1 à 5
"Les pratiques discriminatoires restent flagrantes", en concluent les trois organisations commanditaires du sondage. "Rien ne peut justifier un écart de un à cinq sur le nombre des contrôles (...) et dans la pratique des palpations et des fouilles." Il n'y avait pas assez de personnes d'ascendance d'Afrique subsaharienne dans l'échantillon pour tirer des conclusions à leur sujet, a souligné Lana Hollo, représentante en France de l'Open Society Justice Initiative (émanation de la fondation George Soros).
L'enquête a été réalisée du 5 février au 17 mars auprès de deux échantillons distincts: un premier de 2.273 personnes représentant la population française, un second de 594 personnes ayant été contrôlées au moins une fois dans l'année.