Complotistes, anarchistes: ce que l'on sait des 4 hommes soupçonnés d'avoir participé au rapt de Mia
Qui sont les quatre hommes soupçonnés d'avoir enlevé Mia, 8 ans, kidnappée mardi alors qu'elle se trouvait chez sa grand-mère dans les Vosges? Leurs interpellations, qui se sont déroulées entre mercredi et jeudi, permettent d'en savoir davantage sur le profil de ces individus proches d'une mouvance complotiste et anarchiste.
· Interpellés en Île-de-France et Meurthe-et-Moselle
Un homme de 58 ans a été appréhendé mercredi dans son appartement du 19e arrondissement de Paris où la police a découvert, lors d'une perquisition, "le script du discours à tenir devant la grand-mère où logeait Mia, pour se faire passer pour un éducateur", a indiqué ce vendredi le procureur de la République d'Epinal, Nicolas Heitz.
Un deuxième individu, âgé de 23 ans, a été arrêté en Seine-et-Marne ce même soir, à 20h45. "Des éléments susceptibles d'entrer dans la composition d'explosifs ont été découverts" à son domicile, a précisé le magistrat.
Le troisième homme, un sexagénaire, a été interpellé aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, jeudi matin, tandis qu'un quatrième a été appréhendé en Meurthe-et-Moselle. Tous les quatre ont été placés en garde à vue et devraient être présentés à un magistrat instructeur ce vendredi après-midi.
· Connus des renseignements pour leur appartenance à la mouvance complotiste
Selon nos informations, les suspects sont connus des services de renseignements pour leur accointance avec la mouvance complotiste, particulièrement sur le sujet de la crise sanitaire actuelle.
Ils tiennent des propos anti-système, qui s'apparentent aux messages que poste Lola Montemaggi, la mère de Mia, sur son profil Facebook. Cette dernière, âgée de 28 ans, a notamment exprimé sa volonté de "vivre en marge de la société".
D'après les informations que BFMTV a obtenues, l'homme de 58 ans a expliqué qu'ils étaient des "dissidents de ce système, nous nous considérons comme des résistants à la barbarie qui est en train de se mettre en place sous prétexte sanitaire depuis plus d'un an".
· L'un d'entre eux décrit comme peu sociable, voire violent
L'un des quatre suspects - vivant dans l'appartement du 19e arrondissement de Paris depuis plusieurs années - est décrit par ses voisins comme un homme discret, peu sociable et parfois violent.
Ce pianiste de variété de 58 ans mène, selon leurs dires, une vie à contre-courant, dormant le jour et s'activant la nuit. Il aurait déjà tenu des propos anti-masques et anti-vaccins.
· Ils accusent la mère de Mia d'être à l'origine du rapt
Depuis mercredi soir, les mis en cause sont placés en garde à vue. Selon nos informations, ils ont expliqué aux enquêteurs que la mère de Mia les avais contactés par Internet pour commanditer son projet de rapt. Ils affirment qu'elle voulait retrouver sa fille, dont elle a perdu la garde au mois de janvier.
Le quinquagénaire s'est targué de cet enlèvement, arguant que "rendre une petite fille à sa mère, ce n'est pas un délit. Ce qui est délictueux, c'est le système actuel", selon nos informations.
Et d'ajouter: "Quand Mia a vu sa maman [après le rapt, NDLR], je n'ai jamais vu une petite fille aussi heureuse". "Si c'était à refaire, je le referai. Je n'ai aucun regret. De toute ma vie, je n'ai jamais fait de plus belles choses, peu importe de faire de la prison pour ça."
Un autre a estimé "avoir sauvé la vie de l'enfant" mais a reconnu qu'il avait "pu être manipulé", a souligné le procureur. La fillette de 8 ans et sa mère n'ont, pour l'heure, toujours pas été retrouvées et les quatre hommes se refusent à livrer des informations permettant de les localiser. Nicolas Heitz a déclaré qu'un départ à l'étranger "n'est pas à exclure".
Les quatre hommes étaient déjà dans le viseur des autorités judiciaires: ils font l'objet d'une enquête préliminaire menée par le parquet national antiterroriste (PNAT) pour association de malfaiteurs terroriste. Selon les informations de BFMTV, les enquêteurs ont découvert des échanges dans lesquels ils évoquent des projets violents, comme des attaques à l'explosif contre des centres de vaccination.
Ils envisageaient également d'autres enlèvements d'enfants pris en charge par les services sociaux car, d'après eux, ces institutions sont dangereuses. Ils évoquent même l'existence d'un réseau pédophile alimenté par les services de l'aide sociale à l'enfance pour des élites prétendument "pédosatanistes", rejoignant ainsi les théories du QAnon, cette mouvance conspirationniste d'extrême droite venue tout droit des États-Unis.
La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) soupçonnait ce groupement complotiste de projeter un enlèvement d'enfant à Epinal et avait obtenu l'information selon laquelle ce rapt devait se dérouler entre le 12 et le 16 avril. Toutefois, une nébuleuse demeurait autour de ces éléments, la DGSI ne disposant pas du nom de l'enfant visé. D'autant que ce plan était évoqué parmi d'autres.